Le président des États-Unis Barack Obama a nommé vendredi une juriste de renom au poste de «super-conseillère» chargée de la défense des consommateurs, dans l'esprit de la loi sur la réforme de Wall Street promulguée cet été.

M. Obama, avocat d'une remise à plat des règles présidant aux relations entre les particuliers et les prestataires financiers, a choisi Elizabeth Warren, professeur de droit à la prestigieuse université de Harvard, pour mettre en place un «Bureau de protection des consommateurs».

Le nom de Mme Warren, 61 ans, circulait depuis des semaines pour diriger cet organisme, pièce maîtresse d'un dispositif censé mettre notamment fin aux pratiques abusives des banques et autres institutions financières.

«Ce qui nous a en partie mis dans la crise financière (de 2008), c'étaient des pratiques qui profitaient des consommateurs. En particulier lorsque trop de propriétaires ont été trompés et ont souscrit des prêts hypothécaires qu'ils ne pouvaient pas rembourser», a remarqué M. Obama lors d'une allocution dans la roseraie de la Maison Blanche, Mme Warren et le secrétaire au Trésor Timothy Geithner à ses côtés.

Plutôt que de formellement nommer Mme Warren à la tête de ce bureau, chargé d'être un «défenseur des consommateurs américains», M. Obama l'a chargée de piloter son installation, «une tâche extrêmement importante», a-t-il souligné, pour renforcer une classe moyenne durement touchée par la chute de son pouvoir d'achat.

«Le secrétaire Geithner et moi-même sommes d'accord sur le fait qu'Elizabeth est la plus qualifiée pour monter cette agence», a encore dit le président.

Une fois le Bureau de défense des consommateurs établi, «plus jamais les gens ne seront trompés par les petits caractères bizarrement écrits que l'on trouve dans les contrats de cartes de crédit, les prêts hypothécaires ou aux étudiants», a-t-il assuré.

La nomination de Mme Warren au poste de «conseillère spéciale» à la Maison Blanche et au Trésor ne nécessite pas l'approbation du Sénat, où l'opposition républicaine possède une minorité de blocage.

Certains républicains considèrent avec méfiance la juriste, marquée à gauche et auteur d'écrits très critiques sur les pratiques des organismes de prêt.

Le sénateur démocrate du Connecticut (nord-est) Chris Dodd, l'un des «pères» de la réforme de l'encadrement de Wall Street adoptée en juillet par le Congrès, a salué le choix de Mme Warren, mais a appelé M. Obama à «nommer rapidement un directeur» au bureau, «conformément à la loi».

Interrogé vendredi lors de son point de presse sur la raison pour laquelle M. Obama n'avait pas nommé directement Mme Warren à la tête du bureau, le porte-parole de la Maison Blanche Robert Gibbs a affirmé, pour le regretter, qu'obtenir la confirmation d'un directeur, qui qu'il soit, aurait pris «des mois et des mois» au Sénat.

M. Obama se plaint régulièrement de ce que les républicains fassent traîner les confirmations des personnes qu'il nomme. «Nous ne pouvons pas fonctionner comme cela», a déploré M. Gibbs, donnant l'exemple d'un juge qui a attendu «près de 300 jours» pour voir sa nomination entérinée par les parlementaires.