Les banques américaines, qui ont surmonté la crise financière et immobilière à coups de dépréciations et de pertes massives, n'apparaissent pas à l'abri d'une nouvelle accélération des défauts d'emprunteurs en difficulté.

Confrontées à une envolée du chômage fin 2008, qui a entraîné une accélération brusque des défauts de paiments sur prêts hypothécaires et des saisies immobilières, les banques de détail ont dû passer des dizaines de milliards de dollars de pertes et provisions sur des prêts immobiliers qu'elles avaient accordés essentiellement entre 2005 et 2007.

Elles se sont retrouvées avec un stock de propriétés saisies aux prix nettement dévalués par rapport aux valeurs qu'elles avaient inscrite dans leurs comptes, et ont dû également passer de lourdes dépréciations. Après 18 mois de purge, elles ont assaini leurs comptes et sont revenues dans le vert.

Mais les deux organismes semi-publics de financement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac subissent encore des taux de défaut très élevés sur leurs prêts risqués, autour de 4 à 5% à la fin du deuxième trimestre.

Sur les prêts de l'époque de la «bulle» spéculative dans l'immobilier, les défauts de paiement se poursuivent, à peu près stabilisés. Et les prêts récents (2008 à 2010) sont de bien meilleure qualité, les critères pour emprunter ayant été nettement resserrés.

Vu la baisse des prix de l'immobilier et l'abondance des logements sur le marché, les banques ont aussi choisi de «vendre les propriétés saisies à des prix dépréciés mais en préférant le faire bien par bien», plutôt que de brader des lots entiers de logements, souligne Dan Teclaw, analyste de Standard and Poor's.

Pour lui, les banques ne sont toutefois plus à l'abri d'une rechute de l'économie. «Vu la faiblesse de la conjoncture et le chômage qui se maintient autour de 9,5%, les portefeuilles de prêts immobiliers enregistrent davantage de défauts» depuis juillet.

M. Teclaw prévoit de nouvelles pertes chez Fannie Mae et Freddie Mac à court terme, comme sur les précédents trimestres.

Maclovio Pina, analyste de la maison de recherche Morningstar, s'attend lui aussi à ce que «les banques souffrent de la détérioration de l'économie et d'un chômage qui reste élevé».

«Cela va au-delà de l'immobilier», remarque-t-il, soulignant que si l'emploi ne repart pas, «les gens ne vont plus être en mesure de payer d'autres emprunts, automobiles, à la consommation...» et les banques auront de médiocres perspectives de croissance.

Selon des chiffres publiés mercredi par le département du Commerce, les achats de maisons neuves sont tombés à leur plus bas niveau depuis au moins 1963. Et ceux de logements anciens sont les plus faibles depuis 1995.

Les petites banques régionales qui n'ont pu bénéficier de l'aide gouvernementale au plus fort de la crise sont particulièrement fragiles.

Elles sont 140 à avoir fait faillite l'an dernier, le chiffre le plus élevé depuis près de 20 ans, et elles devraient être encore plus nombreuses cette année: 118 d'entre elles ont déjà mis la clé sous la porte en moins de huit mois.