Les dirigeants de la banque centrale des États-Unis (Fed) ont entamé mardi à Washington une réunion pour discuter d'éventuelles mesures de relance de l'économie, sur lesquelles ses dirigeants aparaissent divisés.

Confrontée à une croissance trop faible pour créer des emplois en nombre suffisant, et à une courbe des prix qui s'infléchit, la Fed pourrait être tentée d'injecter de nouvelles liquidités dans le système économique.

Depuis vendredi, la publication de chiffres décevants de l'emploi pour juillet (131 000 postes nets supprimés) alimente les spéculations sur de nouveaux achats de titres financiers, aboutissant à de la création de monnaie, afin de tenter de stimuler l'activité.

«Le caractère bancal de la reprise et l'absence de toute croissance substantielle de l'emploi après un an de rebond du PIB sont des sujets d'inquiétude considérables pour les responsables de la politique monétaire», a souligné Steven Ricchiuto, de Mizuho Securities.

Aucun suspense n'entoure le taux directeur de la Fed. Il devrait rester bloqué, comme depuis décembre 2008, à un niveau proche de zéro.

La crise a montré que la Fed avait d'autres moyens d'agir, très étendus. Mais les membres de son Comité de politique monétaire (FOMC) ont des avis très divergents sur la nécessité ou non de s'en servir dans l'immédiat.

Leur président, Ben Bernanke, paraît sur la réserve. S'il a déclaré fin juillet et début août la Fed prête à se mobiliser davantage pour contrer les chocs qui menaceraient la croissance, il n'en voit aucun pour l'instant.

Sachant que l'activité progresse, «la situation actuelle ne justifie pas des mesures de soutiens importantes comme l'année dernière», ont relevé les analystes d'Aurel ETC Pollak.

Cette impression a été confortée par la publication mardi de chiffres du département du Travail montrant un relâchement au deuxième trimestre de la pression des entreprises sur leurs salariés, après plus d'une année à comprimer coûts salariaux et heures travaillées. «Une bonne nouvelle pour l'emploi», selon Nariman Behravesh, d'IHS Global Insight.

Face à lui, M. Bernanke a des membres du FOMC au ton alarmiste, invoquant la possibilité que l'économie américaine tombe dans la déflation. Il en a d'autres au contraire qui jugent très prématuré de se lancer dans un nouveau cycle d'assouplissement monétaire.

Le débat animé de la précédente réunion, fin juin, devrait se poursuivre, sans certitude d'aboutir à une décision nouvelle.

«Ne vous attendez pas à ce que la Fed ne change quoi que ce soit à son bilan», écrivent les analystes de Deutsche Bank, selon lesquels le message de la Fed aux marchés financiers devrait être: «tenez-vous tranquilles».

Signe de son attentisme, sa branche régionale à San Francisco (Californie, Ouest) a publié lundi une étude de deux économistes, Travis Berge et Oscar Jorda, écartant la probabilité d'un retour à récession «dans les quelques prochains mois».

Mais les indicateurs qu'ils privilégient «montrent que les perspectives macroéconomiques ont des chances de se détériorer progressivement à un certain moment l'été prochain». Et «les politiques qui sont adoptées aujourd'hui pourraient jouer un rôle décisif pour déterminer le rythme de la croissance», ajoutent-ils.