Les dirigeants de la banque centrale américaine (Fed) devraient tenter de se mettre d'accord mardi sur le meilleur moyen de soutenir davantage l'économie des États-Unis.

Le résultat de ces discussions semble néanmoins très incertain.

Les membres du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) doivent se retrouver pour une réunion ordinaire de quelques heures au siège de la Réserve fédérale à Washington.

Les analystes sont partagés entre ceux pour qui la rencontre débouchera sur l'annonce de nouvelles mesures destinées à revigorer une reprise tournant au ralenti et ceux d'avis que les dirigeants de la banque centrale se contenteront d'annoncer leur détermination à agir si les conditions l'imposent.

Seule certitude: le FOMC ne devrait pas toucher au taux directeur quasi nul depuis le milieu du mois de décembre 2008, encore qu'il dispose de la possibilité de l'abaisser complètement à zéro.

Depuis la dernière rencontre du Comité, fin juin, l'horizon s'est assombri pour l'économie américaine.

Les chiffres du PIB ont révélé un net ralentissement de la croissance au premier trimestre, et le chômage, à 9,5%, reste proche de son plus haut niveau connu en une génération (10,1% en octobre).

Le rapport officiel sur l'emploi en juillet publié vendredi a révélé de nouvelles destructions de postes massives et le peu de dynamisme du secteur privé.

Pour Nigel Gault, économiste du cabinet IHS Global Insight, ces chiffres ont «intensifié la pression sur le gouvernement et sur la Fed [...] pour qu'ils ravivent la croissance».

D'autant que les dernières données sur l'inflation montrent un ralentissement brutal de la hausse des prix, qui ravive des craintes de déflation.

Le président de la Fed, Ben Bernanke, a dit plusieurs fois fin juillet que son institution était prête à se mobiliser davantage pour soutenir la croissance si celle-ci apparaissait menacée, mais que ça n'était pas le cas, pour l'instant.

Il lui faudra confronter cette opinion à celle des autres membres du Comité, d'autant qu'un des dirigeants régionaux de la Fed, James Bullard, vient de lancer un pavé dans la mare en affirmant que le pays était à deux doigts d'une déflation semblable à celle qu'a connue le Japon dans les années 1990 et qu'il souhaitait voir la Fed racheter des obligations d'État à long terme, comme elle l'a fait en 2009.

M. Gault estime que la Fed devrait annoncer mardi «au minimum», comme le propose M. Bullard, qu'elle va réinvestir dans l'achat d'obligations du Trésor l'argent reçu à l'échéance des titres financiers liés à l'immobilier qu'elle a rachetés en masse en 2009.

Avec son taux à quasi zéro, la Fed est contrainte d'avoir de nouveau recours à des mesures non conventionnelles si elle veut soutenir davantage l'économie.

Or les membres du FOMC sont nettement partagés sur le sujet, entre ceux qui estiment que la Fed en a déjà trop fait, et ceux qui jugent que la Fed n'a pas d'autre choix que d'en faire plus.

La proposition de M. Bullard aurait l'avantage de présenter un juste milieu acceptable car elle permettrait de contrer l'assouplissement monétaire de fait qu'entraîne l'arrivée à échéance des titres financiers détenus par la Fed, qui se traduit par un retrait d'argent du système monétaire.

Dean Maki, économiste de Barclays Capital estime néanmoins que le FOMC ne devrait rien annoncer de nouveau, mais signaler sa détermination à agir le cas échéant, car prendre de nouvelles mesures serait selon lui le signe que le FOMC a «perdu confiance» dans la croissance.

Or, soutient M. Maki, les dernières données traduisent un ralentissement certain de l'activité, mais en aucun cas une rechute.