L'administration Obama a ciblé le Canada pour parvenir à atteindre son objectif de doubler les exportations américaines d'ici 2015, mais les dirigeants d'affaires canadiens affirment que cela ne sera pas possible tant et aussi longtemps qu'existent des irritants commerciaux.

Le président américain Barack Obama a établi cet objectif ambitieux lors de son plus récent discours sur l'état de l'Union.

Il a toutefois provoqué un certain scepticisme chez de nombreux experts commerciaux qui ont affirmé que le marché des biens américains rétrécissait.

Mais l'administration américaine soutient maintenant qu'il est naturel pour elle de se tourner vers le Canada pour évaluer si son plan a des chances de réussite.

C'est du moins ce qu'a affirmé jeudi l'ambassadeur américain au Canada, David Jacobson, alors qu'il prenait part à une série de rencontres annuelles destinées à introduire des entreprises américaines au marché canadien.

«Si l'initiative nationale d'exportation fonctionne comme prévu, elle doit débuter ici au Canada», a-t-il dit. M. Jacobson était accompagné du secrétaire adjoint au Commerce extérieur des États-Unis, Suresh Kumar, qui a pour sa part souligné que moins de un pour cent des entreprises américaines exportaient.

M. Kumar a ajouté que la Canada représentait l'un des marchés les plus faciles à percer pour les États-Unis et que, conséquement, il aura un grand rôle à jouer dans l'initiative américaine.

Alors qu'il prononçait une allocution sur les relations commerciales entre les deux pays devant des dirigeants d'affaires, M. Kumar a expliqué qu'il s'était demandé quels étaient les marchés que les États-Unis comprenaient le plus facilement et lesquels avaient des lois et des réglementations similaires.

«Nous voulons identifier quels sont les exportateurs américains qui n'exportent pas au Canada et pourquoi, et les introduire aux personnes appropriées», a soutenu l'Américain.

Mais ces paroles peuvent sembler creuses pour les gens d'affaires canadiens, qui se sont farouchement battus contre les lois protectionnistes américaines -notamment le Buy American Act- et qui se sont plaints pendant des années au sujet des problèmes à la frontière des deux pays.

Le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Canada, Perrin Beatty, a indiqué que cela n'était pas nécessairement nuisible pour le Canada d'importer davantage des États-Unis mais que ceux-ci devaient d'abord réaliser qu'il s'agit d'une relation «à double sens».

«Vous ne pouvez pas poursuivre des politiques de la sorte et s'attendre à augmenter vos exportations dans d'autres pays», a-t-il commenté.

Même si Ottawa a réussi à négocier certaines concessions au sujet du Buy American Act, M. Beatty le qualifie toujours de «virus dans le système» qui continue à poser des problèmes pour de nombreuses entreprises canadiennes.

La frontière entre les deux pays demeure aussi un obstacle à franchir du côté canadien, puisque selon M. Beatty, il est de plus en plus difficile et dispendieux de la traverser.

Mais lors d'un récent voyage à Washington, ce dernier a cependant noté une nouvelle ouverture concernant les aspects litigieux à la frontière, où des délais sont observés en raison des mesures de sécurité adoptées après les attentats terroristes du 11 septembre 2001.

Les données divulguées plus tôt ce mois-ci indiquent que les importations canadiennes en provenance des États-Unis ont crû de 0,9 pour cent en avril.

Le Canada a maintenu un excédent commercial ce mois-ci, contrairement au mois précédent lorsque la balance commerciale a plongé en territoire négatif.