BP «a besoin de certitudes» sur les risques financiers liés à la marée noire dans le Golfe du Mexique, a déclaré mercredi le premier ministre britannique David Cameron, alors que la direction du groupe pétrolier est reçue à la Maison Blanche.

«Même s'il est important que (la compagnie) paye les demandes de dommages raisonnables -ce que BP accepte- ils ont besoin d'un certain niveau de certitudes», a indiqué le premier ministre sur la radio BBC.

Barack Obama recevait mercredi les dirigeants de BP [[|ticker sym='BP'|]] pour les sommer d'indemniser des victimes de la marée noire du golfe du Mexique, après avoir évoqué la veille un combat de longue haleine contre la pire catastrophe écologique de l'histoire des Etats-Unis.

Le président de BP Carl-Henric Svanberg, le directeur général du groupe Tony Hayward et le patron de BP Amérique Lamar McKay sont arrivés peu avant 10H00 à la Maison Blanche pour un entretien avec le président des Etats-Unis, huit semaines après le naufrage d'une plateforme gérée par la société britannique au large des côtes de Louisiane.

Si cette rencontre est fermée à la presse, le programme de M. Obama prévoit une intervention peu après midi, sans doute une nouvelle fois consacrée à cette crise qui mobilise son agenda, face aux journalistes dans la roseraie de la demeure présidentielle.

C'est à quelques mètres de là, dans le Bureau ovale, que le président a prononcé mardi soir un discours à la nation sur la marée noire, le premier dans ce cadre solennel depuis le début de son mandat en janvier 2009.

Il a noté que la lutte contre les conséquences de cette «tragédie» prendrait «des mois et même des années», mais a remarqué qu'elle montrait que «le temps d'adopter les énergies propres est venu», allusion au projet de loi sur le climat et l'énergie actuellement bloqué au Sénat et qu'il souhaite voir adopter.

Fonds d'indemnisation

Mardi, les autorités ont une nouvelle fois révisé à la hausse l'étendue de la pollution, estimant que jusqu'à 60 000 barils de brut se déversaient quotidiennement dans l'océan, soit 50% de plus que la précédente estimation «haute». BP espère pouvoir en pomper bientôt 90% à la source.

Entre 300 et 500 millions de litres d'hydrocarbures auraient déjà fui du puits à la suite de l'explosion meurtrière de la plateforme Deepwater Horizon.

C'est fort de ces chiffres que M. Obama va discuter avec MM. Svanberg et Hayward, dont la société est financièrement responsable des opérations de colmatage, de nettoyage et d'indemnisation des victimes. «Nous ferons payer BP pour les dégâts que cette entreprise a provoqués», a-t-il promis.

Le président, qui a souligné «l'inconscience» de la compagnie dans cette affaire, devrait en particulier insister sur la mise en place d'un fonds d'indemnisation contrôlé par une instance indépendante.

Des élus du Congrès ont demandé à BP de provisionner 20 milliards de dollars sur un compte bloqué, ce que la compagnie n'a pas pour l'instant accepté. Le groupe s'est contenté mercredi de «prend(re) note des déclarations du président Obama hier soir», dans un bref communiqué.

«Nous allons utiliser tous les dispositifs légaux, si nécessaire» pour obtenir la coopération de la société, a de son côté insisté mercredi matin le principal conseiller de M. Obama, David Axelrod, en concédant que «rien n'a été conclu» sur les montants qui devront être mis de côté.

Voulant dépasser au plan politique une crise qui pèse sur sa présidence à cinq mois d'élections législatives cruciales, M. Obama en a appelé mardi à l'esprit d'innovation des Américains pour faire basculer le pays dans les énergies «propres», comparant cette entreprise aux efforts consentis pendant la Seconde Guerre mondiale ou au programme spatial des années 1960.

Mais débloquer ce dossier au Sénat risque d'être ardu, à en juger par les réactions mitigées des républicains qui ont exhorté M. Obama à ne pas «exploiter cette crise pour imposer une taxe sur l'énergie aux familles qui peinent à joindre les deux bouts», selon l'expression du chef de l'opposition à la Chambre des représentants, John Boehner.