Charles Evans, président de la Réserve fédérale de Chicago, a indiqué hier que la crise des dettes souveraines en Europe incitera la Banque centrale américaine à retarder la hausse des taux d'intérêt.

S'adressant à des reporters à Séoul, en Corée du Sud, M. Evans a dit qu'il ne serait pas surpris si la politique de la Réserve fédérale américaine (Fed) de garder les taux bas «se poursuivait encore un peu». De son côté, Charles Plosser, président de la Fed de Philadelphie, qui participait au même événement, a estimé que «c'est la manière dont la crise européenne affectera l'économie qui dictera notre réaction».

Ces commentaires illustrent l'attention que portent les décideurs dans le monde aux conséquences potentielles de la crise européenne qui a été déclenchée par le gonflement des déficits fiscaux en Grèce, en Espagne et au Portugal. On prévoit qu'en Asie, différentes banques centrales (en Australie, en Indonésie et en Corée du Sud, notamment) garderont les taux d'intérêt inchangés cette semaine tandis qu'elles évaluent l'effet de la situation européenne sur la reprise mondiale.

«La situation européenne ajoute de l'incertitude aux perspectives économiques», a soutenu M. Evans lors d'un point de presse dans le cadre d'une conférence organisée par la Banque de Corée. Il a ajouté qu'une demande plus faible que prévu des exportations américaines en raison d'une croissance plus modeste en Europe «affectera la reprise quelque peu».

Le 28 avril dernier, les dirigeants de la Banque centrale américaine ont laissé inchangé le taux des fonds fédéraux de référence dans une fourchette de zéro à 0,25%, niveau où il se situe depuis décembre 2008. Ils avaient alors invoqué une inflation «basse» et un taux de chômage élevé, ce qui aura vraisemblablement pour effet de maintenir les taux «exceptionnellement bas».

Il convient de conserver une politique monétaire accommodante en ce moment à cause de la faible inflation et du taux de chômage «très élevé», a dit M. Evans.

«Mais si la situation évolue rapidement, a-t-il ajouté, si les perspectives touchant l'inflation devaient changer d'une manière que nous n'avons pas prévue, la Fed réagira plus promptement.»

Pour sa part, M. Plosser a dit qu'il adoptera une attitude attentiste quant à la manière dont les événements en Europe sont susceptibles d'affecter la politique de la Fed.