Le président de la banque centrale des Etats-Unis, Ben Bernanke, a insisté jeudi sur les défis que continuent de rencontrer les banques américaines, et a indiqué que son institution luttait toujours pour faire repartir leurs activités de prêt.

Plus d'un an et demi après le pic de la crise financière, les plus grandes banques du pays ont «fortement amélioré leur situation financière», mais «elles continuent de faire face à des défis», a déclaré le chef de la Réserve fédérale (Fed), lors d'un discours à Chicago.

M. Bernanke faisait là expressément référence aux dix-neuf banques que les régulateurs avaient soumis à des «tests de résistance» au premier semestre 2009.

Il n'a pas précisé quels étaient ces défis. Un de ses collègues de la Fed, Eric Rosengren, avait estimé la veille que les plus grandes banques du pays, de par leur emprise mondiale, risquaient de faire face à des difficultés nouvelles en cas de choc extérieur comme celui de la crise de la dette grecque.

M. Bernanke s'est montré plus disert sur les difficultés des petites banques, selon le texte de son allocution transmis à la presse.

«Beaucoup» d'entre elles «pourraient avoir besoin de capital supplémentaire dans les quelques années à venir», a-t-il dit en insistant sur la hausse du nombre de petits établissements «considérés comme faibles», alors que les faillites bancaires se multiplient.

La situation des petites banques inquiète particulièrement les autorités américaines car elles sont la principale source de financement des PME, lesquelles sont normalement le moteur de la créations d'emplois du pays.

Le gouvernement a annoncé fin janvier son intention de consacrer 30 milliards de dollars au soutien des prêts des petites banques, mais cette promesse tarde à se concrétiser.

Sur cette question de la disponibilité du crédit, M. Bernanke a indiqué que la banque centrale n'avait «clairement pas atteint» son objectif.

«Le prêt bancaire continue de se contracter, et les conditions auxquelles les banques prêtent restent dures», a-t-il dit, ajoutant que faire «affluer de nouveau le crédit par l'intermédiaire du système bancaire restait un objectif central» de la Réserve fédérale.

Pour Peter Newland, économiste de Barclays Capital, M. Bernanke laisse entendre que «le circuit du crédit est une courroie de transmission clef de la politique monétaire à l'économie réelle».

La panique financière de septembre 2008 s'était traduite par un gel des marchés du crédit. Les dirigeants américains rappellent souvent que ceux-ci sont aussi vitaux à l'économie que le sang au corps humain: sans la faculté d'emprunter, il n'y a plus d'entrepreneurs.

Pour débloquer la situation, la Fed a abaissé son taux directeur progressivement jusqu'à quasi zéro, de façon a abaisser au maximum le coût des emprunts, et a injecté des centaines de milliards de dollars dans le système financier, pour permettre aux circuits du crédit de repartir.

Malgré cela, les banques restent méfiantes vis-à-vis de ménages déjà lourdement endettés, et d'entreprises aux perspectives encore fragiles.

Selon une enquête de la Fed publiée lundi «la plupart des banques n'ont pas modifié les conditions auxquelles elles prêtent de l'argent au premier trimestre», et un «nombre limité de banques a durci de nombreux termes de leurs contrats de prêt aux entreprises et aux ménages».

M. Bernanke a dit cependant voir «quelques raisons d'être optimiste», notamment du fait du renforcement de la croissance, dont devraient profiter les ménages et les entreprises.