Deux nouveaux indicateurs économiques sont venus témoigner vendredi d'une amélioration notable de la conjoncture aux États-Unis, à quelques jours d'une réunion de politique monétaire de la banque centrale américaine (Fed).

Mettant fin à quatre mois consécutifs de baisse, les ventes de logements neufs ont bondi en mars de 26,9% par rapport au mois précédent, connaissant ainsi leur plus forte hausse depuis 1963, selon le département du Commerce.

Elles étaient tombées en février à leur plus bas niveau dans les annales, sous le coup du mauvais temps notamment.

D'autre part, selon le Ministère, les commandes de biens durables hors secteur des transports ont bondi de 2,8% en mars par rapport à février. C'est leur hausse la plus forte depuis décembre 2007, mois qui avait vu les États-Unis entrer dans la récession qui s'est achevée à l'été 2009.

La hausse de ces deux indicateurs a été beaucoup plus forte que ne le prévoyaient les analystes, et ces nouvelles encourageantes viennent s'ajouter à celles de la veille.

En effet, selon les chiffres publiés jeudi par l'Association nationale des agents immobiliers américaine (NAR), les ventes de logements anciens ont témoigné d'un rebond solide et supérieur aux prévisions en mars.

D'autres chiffres donnés par le département du Travail avaient témoigné d'une baisse bienvenue du nombre hebdomadaire des nouveaux chômeurs, même si celle-ci ne permet pas, loin s'en faut, de conclure à un redressement durable du marché du travail.

Ces nouveaux témoins du renforcement de la reprise ne devraient pas manquer de nourrir les spéculations sur le résultat de la réunion du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), qui doit avoir lieu mardi et mercredi à Washington.

«Pour la Fed, chaque nouveau signe de reprise ne fait que compliquer ses explications tortueuses cherchant à démontrer en quoi le maintien de son taux zéro est sensé», estime l'économiste indépendant Joel Naroff.

Ni les économistes ni les marchés ne prévoient que la banque centrale relève mercredi son taux directeur, quasi nul depuis la mi-décembre 2008.

Les spéculations montent cependant sur la question de savoir si les membres du FOMC jugeront toujours nécessaire mercredi de maintenir encore longtemps le taux directeur de la Fed extrêmement bas, comme ils le répètent à l'issue de chacune de leurs réunions depuis plus d'un an.

Sur fond de rumeur relayée sur internet, c'est la première question qui a été posée au président de la Fed, Ben Bernanke, lors d'une audition au Congrès le 14 avril. M. Bernanke a laissé entendre dans une réponse sibylline que ça n'était pas ce qu'il souhaitait.

S'il s'est montré ce jour-là plus optimiste qu'auparavant pour l'économie américaine, il a aussi insisté sur le maintien d'entraves à la croissance (chômage élevé, difficultés pour les particuliers et les entreprises à obtenir des crédits, ménages occupés à se désendetter, marchés immobiliers toujours en attente d'une reprise).

Quelques membres du FOMC plaident pour que la Fed signale son intention de relever son taux, mais l'idée qui ressort de la majorité des derniers discours des dirigeants de la banque centrale est qu'un soutien maximal à l'économie reste de mise, malgré la diminution progressive des risques de rechute.

Malgré leur bond en mars, les ventes de logements neufs restent extrêmement basses, à un niveau «épouvantable», même, selon le mot de Patrick Newport, économiste de l'institut IHS Global Insight.