Le président américain Barack Obama a plaidé jeudi à New York en faveur d'une réforme financière, soulignant que les États-Unis seraient dans le cas contraire condamnés à une nouvelle crise, et exhorté Wall Street à soutenir la réforme.

«Il est essentiel que nous apprenions les leçons de cette crise, pour que nous ne nous condamnions pas à la répéter», a déclaré M. Obama dans ce discours, prononcé à Cooper Union, une université privée dans le sud de Manhattan, non loin du quartier de la Bourse et des grandes banques.

«Ne vous y trompez pas, c'est exactement ce qui va se produire si nous laissons passer cette occasion» de remettre à plat le système de régulation des banques et autres institutions financières, dossier en cours d'examen au Sénat américain, a souligné le président.

En outre, il a assuré que l'argent des contribuables américains ne serait plus affecté au sauvetage des banques en difficultés: «un vote pour la réforme est un vote pour mettre fin aux plans de sauvetage financés par les contribuables. C'est la vérité. Point final».

Un peu plus tôt jeudi, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner s'était montré encore plus catégorique, affirmant que ces mêmes banques seraient «démantelées».

«À l'avenir, si elles sèment de nouveau la pagaille et se retrouvent une nouvelle fois au bord du gouffre, nous voulons être assurés de pouvoir les fermer, les démanteler en toute sécurité, sans que le contribuable ait une nouvelle fois à les sauver», avait déclaré M. Geithner.

Dans son discours, M. Obama a pris soin de donner des gages aux investisseurs, leur assurant qu'il croyait au capitalisme et au «pouvoir du marché».

«Je crois en un secteur financier fort qui aide les gens à lever des capitaux, à obtenir des prêts et à investir leurs économies, a-t-il juré. Mais un marché libre n'a jamais voulu dire un permis de prendre tout ce que vous pouvez prendre.»

«Certains à Wall Street ont oublié que derrière chaque dollar en Bourse ou investi, il y a une famille qui essaie d'acheter une maison, de payer des études, d'ouvrir un commerce ou d'économiser pour une retraite», a énuméré le président.

«Ce qui se passe ici a des conséquences réelles dans tout notre pays», a-t-il rappelé, en allusion à la crise financière de 2008 attribuée aux comportements à risque des opérateurs financiers. Elle s'est ensuite propagée à l'économie réelle et les États-Unis commencent à peine à remonter la pente, avec un chômage officiel toujours dangereusement proche de la barre des 10%.

M. Obama s'est aussi dit convaincu qu'il était dans l'intérêt de Wall Street de coopérer pour réguler davantage le secteur, au lieu de s'opposer à la réforme en activant ses réseaux auprès des parlementaires.

«Je suis ici aujourd'hui parce que je veux vous exhorter à nous rejoindre, plutôt que de nous combattre», a-t-il lancé, s'adressant directement aux dirigeants des grandes institutions financières.

Une telle réforme a déjà été votée à la Chambre des représentants et une autre préparée par le démocrate Chris Dodd en commission au Sénat. Mais cette dernière doit encore franchir l'étape d'une adoption en séance plénière et donc convaincre des républicains dotés d'une minorité de blocage à la chambre haute.

Un premier vote sur l'ouverture ou non des débats devrait avoir lieu dès lundi au Sénat, a indiqué jeudi le chef de la majorité dans cette assemblée, Harry Reid.