Le président de la banque centrale des États-Unis, Ben Bernanke, a discerné mercredi des motifs d'espoirs pour l'économie du pays mais a averti de sacrifices à venir risquant de se traduire par une hausse des impôts ou une baisse des prestations sociales.

«La crise financière semble essentiellement derrière nous», l'économie «commence à croître de nouveau» mais «nous sommes loin d'être tirés d'affaire», a déclaré M. Bernanke lors d'un discours à Dallas, au Texas.

Parmi les objets de sa préoccupation, M. Bernanke, a cité le niveau élevé du chômage (9,7% fin mars). «Les embauches restent très faibles», a-t-il dit,  malgré le retour du pays à la création nette d'emplois au mois de mars.

«Les entraves à l'activité de prêt des banques demeurent. Cependant, un fait crucial est que les peurs d'effondrement du secteur financier ont baissé substantiellement», a ajouté M. Bernanke dans cette allocution retransmise par des télévisions.

Le marché du logement, à l'origine de la crise, reste dans les limbes, a ajouté le patron de la Fed. «Nous attendons toujours de voir la preuve d'une reprise viable» de ce marché, a-t-il dit, relevant que les défaut de remboursement continuaient d'augmenter (pas seulement chez les emprunteurs les plus fragiles), de même que les saisies immobilières.

M. Bernanke a redit craindre que la montée du chômage de longue durée se traduise par une perte de savoir-faire et conséquemment des perspectives d'emploi et de revenu moins bonnes pour nombre d'Américains à long terme.

Il a néanmoins jugé que la croissance économique (qu'il n'avait qualifiée que de «naissante» en février), couplée à la politique monétaire très accommodante de la Fed, devrait être «suffisante pour faire baisser lentement le taux de chômage sur les 12 mois à venir».

À plus long terme, M. Bernanke a estimé que la situation budgétaire et la population vieillissante des États-Unis allaient imposer un arbitrage douloureux entre impôts, prestations sociales et dépenses publiques.

Parlant de «choix difficiles» M. Bernanke a estimé que le pays aurait à choisir inévitablement entre «des impôts plus élevés, des modifications dans les programmes» d'allocations chômage ou de sécurité sociale, «des dépenses publiques moins fortes, de l'éducation à la défense, ou une combinaison» de ces différentes propositions.

Le chef de la Fed a aussi plaidé une nouvelle fois pour que le Congrès adopte rapidement une loi permettant à l'État de saisir les entreprises financières les plus grandes qui menaceraient de s'écrouler afin de les démanteler dans le calme.

Cette disposition n'est qu'une des multiples propositions sur lesquelles les deux chambres du Congrès doivent se mettre d'accord dans le cadre du travail législatif sur le projet de la réforme de la régulation financière voulu par le gouvernement.

Les élus doivent reprendre ce chantier dans la semaine du 12 avril. M. Bernanke a laissé entendre une nouvelle fois que la Fed comptait bien continuer de superviser les centaines de petites banques sous sa coupe, comme le prévoit la Chambre des représentants, en opposition sur ce point avec le Sénat.