Devant les difficultés financières des services postaux, les Américains préfèrent perdre un jour de distribution du courrier plutôt que de voir fermer des bureaux de poste ou le prix des timbres augmenter, selon un sondage publié mardi.

Sept Américains sur 10 (71%) sont prêts à faire une croix sur la distribution par l'US Postal Service (USPS) du courrier du samedi, 64% sont contre la fermeture de bureaux de poste et 55% rechignent à voir le timbre augmenter, selon le sondage du Washington Post.

Une minorité (44%) approuve l'idée de subventions publiques alors que la poste n'a pas reçu de fonds des contribuables depuis 1982.

Les usagers américains n'ont guère le choix. Sous réserve d'approbation par le Congrès, l'USPS va renoncer à la distribution du samedi à partir de début 2011 afin d'économiser 3,1 milliards de dollars et réduire ses effectifs de 40 000 employés. Les bureaux de poste resteront toutefois ouverts ce jour mais le courrier sera traité le lundi.

«Le détournement vers l'électronique et la récession sont en grande partie responsables d'un déclin continu du volume du courrier qui a chuté de 13% pour l'année 2009 seule, représentant une perte de près de 7 milliards de dollars», a récemment expliqué l'USPS dans un communiqué.

«La crise qui nous frappe est une occasion historique pour changer la poste en un service plus frugal et plus réactif au marché», a déclaré John Potter, à la tête de ce service public de 640 000 personnes et de 36 000 bureaux de poste.

Il prévoit une chute du chiffre d'affaires de 238 milliards de dollars sur les 10 prochaines années alors que le volume du courrier va tomber de 177 milliards de plis ou colis à 150 milliards en 2020.

Pour garder la tête hors de l'eau, les services postaux envisagent «une série de solutions», dit M. Potter qui n'exclut pas d'examiner la fermeture de bureaux de poste et explore des collaborations avec d'autres points de vente comme des drugstores ou des supermarchés.

Le parc de boîtes aux lettres a déjà été réduit de moitié ces vingt dernières années, tombant à 175 000. Quelque 300 000 employés doivent partir à la retraite dans les 10 ans.

«De profonds changements technologiques et sociaux ont modifié le mode de communication des Américains. Pour beaucoup, les médias électroniques ont remplacé les lettres», affirme encore la poste.

Un nombre grandissant d'usagers, selon le sondage du Washington Post, trouvent que le courriel est plus fiable que le courrier: 43% contre 47% pour la poste, et davantage encore pour les 18-29 ans qui font d'abord confiance au courriel à 55%.

Sur le long terme, les deux-tiers du millier d'usagers interrogés ne sont guère optimistes, estimant qu'envoyer un courrier par la poste sera totalement «tombé en désuétude» d'ici la fin du siècle.