Le marché obligataire dit qu'il est plus sûr de prêter à Warren Buffett qu'à Barack Obama.

L'obligation de deux ans vendue par Berkshire Hathaway, société de M. Buffett, en février dernier présente un rendement de 3,5 points de base inférieur à celui des bons du Trésor de même échéance, selon des données compilées par Bloomberg. Au cours des récentes semaines, les titres de dette de Procter&Gamble, Johnson&Johnson et Lowe's Cos. se sont également échangés à des taux de rendement plus bas, une situation que Jack Malvey, ancien stratège en chef des valeurs à revenu fixe de Lehman Brothers Holdings, qualifie «d'événement excessivement rare» dans l'histoire du marché obligataire.

Les ventes de valeurs de 2590 milliards US du département américain du Trésor depuis le début de 2009 ont créé un surplus, tandis que le déficit budgétaire a atteint un record d'après la Seconde Guerre mondiale à 10% du produit intérieur brut (PIB). Cette situation soulève des questions quant à savoir si le Trésor américain mérite sa cote de crédit «AAA». L'augmentation des emprunts est également susceptible d'affecter le redressement des bons du Trésor au premier trimestre au moment où l'économie américaine s'améliore.

 

«C'est une tape sur la tête du gouvernement», lance Mitchell Stapley, responsable des valeurs à revenu fixe chez Fifth Third Asset Management, à Grand Rapids, au Michigan, qui gère un portefeuille de 22 milliards US.

En règle générale, les bons du Trésor soutenus par la confiance entière et le crédit du gouvernement ont un rendement moindre que les titres de dette des sociétés, mais le contexte a complètement changé tandis que Moody's Investors Service prédit que les États-Unis affecteront plus d'argent au service de la dette à titre de pourcentage de ses revenus cette année que tout autre pays jouissant d'une excellente cote de crédit, sauf le Royaume-Uni.

En 2010, les États-Unis utiliseront environ 7% des taxes pour le paiement de leurs dettes et près de 11% en 2013, ce qui amènera le pays «considérablement» plus près de perdre sa cote «AAA», indiquait Moody's la semaine dernière. Une décote se traduirait pas des coûts importants pour Washington.

Tous les pays du G7, sauf le Canada et l'Allemagne, présenteront des rapports dette/PIB près de 100% ou de plus de 100% d'ici 2014, estimait dimanche John Lipsky, premier directeur général adjoint du Fonds monétaire international.

Selon ce dernier, on s'attend déjà à ce que cette année le rapport moyen dans les économies avancées atteigne les niveaux observés en 1950 au sortir de la Seconde Guerre mondiale.