Les Américains ont donné une bonne impulsion à l'économie de leur pays en consommant plus que prévu en janvier, mais les perspectives restent peu engageantes pour les ménages, dont le moral est bas et les revenus progressent peu.

Selon les chiffres publiés lundi par le département du Commerce, la consommation a progressé pour le quatrième mois de suite en janvier, augmentant de 0,5% par rapport à décembre.

C'est mieux que ne le prévoyaient les analystes, qui tablaient sur une hausse de 0,4%, selon leur consensus médian.

Cette bonne performance a eu lieu malgré un ralentissement marqué des revenus des ménages, qui n'ont augmenté que de 0,1% par rapport à décembre.

Les Américains ont vu leurs revenus progresser pour le sixième mois de suite, mais la hausse s'est révélée inférieure aux attentes des analystes (0,3%).

Pis, leur revenu disponible (après impôts et charges sociales) a reculé pour la première fois depuis juillet, sous le coup d'une hausse des contributions versées au fisc et à la sécurité sociale et d'une baisse des revenus du capital (intérêts et dividendes) supérieures à la progression des salaires.

En données réelles, c'est-à-dire corrigé des effets de l'inflation, la baisse du revenu disponible a atteint 0,6%, ce qui rend d'autant plus significative la hausse réelle de la consommation (0,3%).

«C'est la troisième hausse correcte relevée sur les quatre derniers mois», se réjouit Ian Shepherdson, économiste de l'institut HFE.

Moteur traditionnel de l'activité du pays, la consommation a chuté en 2009 comme jamais depuis 1974 en termes réels. L'accélération des dépenses des ménages en janvier est donc bon signe pour l'économie américaine, qui a renoué avec la croissance pendant l'été.

Néanmoins, du fait de la persistance attendue d'un chômage élevé et de perspectives peu encourageantes pour les salaires, la banque centrale (Fed) prévoit que la consommation restera faible et ne progressera que lentement en 2010.

Ce pronostic est corroboré par les derniers indicateurs témoignant d'une baisse du moral des Américains.

L'indice de confiance des consommateurs mesuré par le Conference Board est ainsi tombé en février à son plus bas niveau depuis le mois d'avril, et cet institut d'études a relevé «des inquiétudes à propos des conditions économiques actuelles» et «une combinaison d'angoisses sur les revenus et sur l'emploi» qui, selon ses prévisions, «devraient limiter la consommation».

Les indicateurs du coût du travail publiés depuis le début de l'année montrent que celui-ci augmente très lentement, ce qui est une bonne nouvelle pour les entreprises, mais beaucoup moins pour le portefeuille des Américains.

Après la baisse du chômage de janvier, les analystes estiment que le rapport officiel sur l'emploi attendu pour vendredi devrait consacrer une remontée de ce taux à 9,8%.

Les autorités américaines ne cessent de répéter que le rétablissement du marché du travail devrait être extrêmement lent et que le chômage devrait rester très élevé pour le pays pendant plusieurs années.

Il reste qu'après la hausse du PIB forte bien qu'artificielle de 5,9% relevée au quatrième trimestre, le bon départ de la consommation en janvier assure un acquis de croissance appréciable pour les États-Unis.

Pour Nigel Gault, économiste de l'institit IHS Global Insight, la consommation pourrait augmenter de 2,5% au premier trimestre soit bien mieux que pendant l'automne (1,7%), contribuant à la reprise sans toutefois en être l'élément moteur.