Dans son projet de budget de 3830 milliards $ US pour 2010-2011 déposé lundi au Congrès des États-Unis, le président américain Barack Obama présente encore une fois la création d'emplois comme une façon de maintenir en vie l'économie du pays, qui connaît de sérieuses difficultés.

Toutefois, l'attention portée par le président Obama à l'emploi de même que la réapparition des clauses «Buy American» dans une nouvelle législation actuellement à l'étude au Congrès annoncent de nouvelles tensions dans les relations canado-américaines.

Dans son discours sur l'état de l'Union, la semaine dernière, M. Obama a dit appuyer le projet de création d'emplois de 100 milliards $ US comportant les mêmes mesures protectionnistes que contenait le programme d'aide financière de 787 milliards $ US, adopté il y a un an par le Congrès.

Birgit Matthiesen, principale conseillère de Manufacturiers et Exportateurs du Canada (MEC) a dit s'attendre à ce que la disposition «Buy American» incluse dans le projet législatif survive lorsque ce dernier passera entre les mains des sénateurs américains.

La réapparition des clauses «Buy American» survient alors que des négociateurs américains et canadiens sont engagés dans des négociations de dernière heure portant sur la possibilité que le Canada échappe aux dispositions protectionnistes de l'American Recovery and Reinvestment Act.

Les rumeurs d'une entente circulent depuis quelques semaines à Washington selon lesquelles Obama pourrait utiliser son pouvoir exécutif pour faire en sorte que des portions de l'économie canadienne soient considérées américaines, puisque certaines chaînes d'approvisionnement sont extrêmement interreliées.

Mais on ne sait pas si une exemption de dernière minute du Recovery Act s'appliquerait à toutes nouvelles clauses «Buy American» qui, avec des dispositions législatives au cours des semaines et des mois à venir, confronterait les manufacturiers canadiens. Puisque ce n'est pas que dans le projet de budget que les clauses «Buy American» peuvent réapparaître.

«La présentation du budget au Congrès n'est qu'une soumission, c'est simplement le budget que la Maison-Blanche souhaite avoir», a indiqué Mme Matthiesen.

Mais elle souligne que la soumission est le point de départ d'audiences relatives à 13 projets de loi qui permettent au gouvernement de dépenser l'argent couvrant plusieurs agences fédérales qui, ensemble, financent l'appareil de l'État.

Ces enveloppes budgétaires doivent entrer en vigueur avant le début de la nouvelle année fiscale, prévue le 1er octobre, soit quelques semaines avec les élections de mi-mandat.

Ainsi, selon Birgit Matthiesen, peu importe qui du parti démocrate ou républicain gagne ces élections, il sera intéressant politiquement pour les deux partis - qui font face à un électorat frustré - de faire apparaître les dispositions de la clause Buy American dans plusieurs textes législatifs.

«Je vais surveiller non seulement le budget mais chacun des projet de lois pour tenter de déceler des éléments du «Buy American»', a prévu Mme Matthiesen.

Les municipalités canadiennes ont menacé de se liguer contre les États-Unis en refusant d'acheter tout produit ou matériel en provenance de ce pays. Mais elles ont fait marche arrière lorsque les négociations entre les représentants canadiens et ceux du U.S. Trade Representative ont été amorcées il y a cinq mois.

Mais si une entente n'est pas conclue d'ici quelques jours, ce sera peine perdue, car environ la moitié des sommes du American Recovery and Reinvestment Act ont déjà été dépensées. Et d'ici le 17 février, l'argent qu'il reste sera alloué à différents états américains et municipalités.