Les dirigeants de quatre des plus grandes banques américaines, entendus mercredi à Washington par une commission d'enquête indépendante sur la crise financière, ont admis une part de responsabilité, mais ont assuré avoir pris les mesures nécessaires depuis.

«Assurément aucune entreprise de Wall Street, y compris Morgan Stanley, n'a anticipé toute la dimension de la crise financière», a ainsi reconnu le président de Morgan Stanley, John Mack.

M. Mack a détaillé la façon dont son établissement «a changé pour s'adapter à la crise, y compris dans les domaines qui intéressent particulièrement la Commission comme les activités de prêt, la structure de gestion du risque et la rémunération des dirigeants».

La Commission d'enquête sur la crise financière a été créée par une loi renforçant la répression de la délinquance financière, promulguée en mai. Composée de membres des deux grands partis américains, elle doit rendre ses conclusions sur les causes de la débâcle en fin d'année.

«Ce forum est peut-être la meilleure et dernière chance de faire le point sur ce qui s'est réellement passé, de sorte que nous puissions en tirer des leçons et rétablir la confiance dans notre système économique», a estimé en ouverture de l'audition le président de cette commission, l'ancien trésorier de la Californie (Ouest) Phil Angelides.

«Si nous ignorons l'Histoire, nous sommes condamnés à la subir encore», a-t-il ajouté.

À en croire les patrons de Bank of America (fusionnée avec Merrill Lynch), Goldman Sachs, JPMorgan Chase et Morgan Stanley, cette «Histoire» ne devrait pas se répéter.

«Nous, banquiers, avons appris quelques leçons difficiles de la crise financière. En premier lieu et la plus importante c'est l'humilité: le coeur de notre métier est de gérer le risque, mais beaucoup de banques ont fait des jugements qui leur ont fait mal gérer ce risque», a souligné le directeur général de Bank of America, Brian Moynihan.

«Sachant ce qui s'est passé, quoi que nous ayons fait, quelles qu'aient été les normes à l'époque, ça n'a pas bien tourné. Bien sûr, s'il était possible de refaire en arrière, je ferais tout mon possible pour nous éviter de nous retrouver dans la position où nous sommes aujourd'hui», a assuré le PDG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein.

«Trop d'institutions financières et d'investisseurs ont tout simplement externalisé leur gestion du risque. Plutôt de mener leur propre analyse, elles ont compté sur les agences de notation pour faire à leur place ce travail essentiel d'analyse du risque», a-t-il rappelé.

Questionnés sur leur stratégie avant la crise, les banquiers ont tâché de défendre la réputation de leurs établissements.

Goldman Sachs a été accusé par M. Angelides de vendre des titres de dette complexes (CDOs) contre lesquels il pariait ensuite. «On dirait que vous vendez une voiture avec des freins défectueux, et ensuite vous achetez une police d'assurance pour vous couvrir contre l'acheteur de cette voiture», a-t-il affirmé.

M. Blankfein a répondu que «la personne qui venait nous voir le faisait pour avoir l'exposition qu'elle voulait». Pour lui, c'était aux clients d'assumer les risques qu'ils souhaitaient prendre, comme Goldman Sachs le faisait pour elle-même.

«Sur certains produits et dans les prêts hypothécaires, nous avons mangé de notre propre cuisine et nous nous sommes étouffés avec», a admis M. Mack, dont la banque a perdu beaucoup plus sur les titres liés au marché immobilier. Mais, s'est-il défendu, Morgan Stanley a réduit les primes de ses salariés en conséquence.