Conrad Black transporte sa bataille à la Cour suprême des États-Unis dans une tentative ultime de se justifier, qui, s'il devait avoir gain de cause, pourrait semer le doute sur une controversée loi utilisée pour piéger «les criminels à cravate».

M. Black, un membre de la Chambre des Lords de la Grande-Bretagne, purge actuellement une peine d'emprisonnement de six ans et demi à la prison fédérale de Coleman, en Floride, pour fraude et obstruction de justice. Il n'assistera pas à l'audience qui doit avoir lieu mardi à Washington.

Ses avocats ont préparé une stratégie qui se penchera principalement sur le droit aux «honnêtes services» - un concept élaboré dans le but d'inculper les politiciens qui étaient soupçonnés de voir priver la population de leurs «honnêtes services» à titre de représentant du public - et sa validité dans le secteur privé.

Dans des documents soumis avant l'audience, les avocats de M. Black et de deux co-défendeurs soutiennent que le gouvernement des États-Unis a étendu ce concept pour l'adapter aux gestes prétendument posés par les suspects, et l'ont appuyé à partir de la preuve de David Radler, le témoin vedette de la poursuite.

Le gouvernement américain réplique qu'une lecture appropriée de la loi signifie que les verdicts de culpabilité doivent être maintenus, et note également que les jurés du procès avaient reçu toutes les consignes requises en rapport avec ce concept.

James Morton, un criminaliste de Toronto qui a suivi le dossier de M. Black, doute que celui-ci puisse gagner sa cause, évaluant même à moins d'une sur trois ses chances de l'emporter.

Selon Me Morton, même si la Cour suprême donnait raison à M. Black sur la question des «honnêtes services», il demeure coupable d'obstruction de justice qui, certaines personnes pourraient dire, sont au moins aussi graves que n'importe quelle autre.

Une décision ne sera probablement pas rendue avant le mois de juin.