La banque centrale américaine (Fed) pourrait ne pas relever son taux directeur avant le début de l'année 2012, a estimé mercredi James Bullard, un de ses dirigeants.

Lors des deux dernières crises (1990-1991 et 2000-2001), «le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a laissé passé deux ans et demi à trois ans après la fin de la récession avant de commencer à augmenter le taux directeur», a-t-il déclaré lors d'un discours à Saint-Louis, dans le Missouri.

M. Bullard dirige la branche locale de la Fed dans cette ville du centre des États-Unis.

«Si l'on considère que la dernière récession s'est achevée cet été et que le FOMC se comportera de la même façon que par le passé, cela pourrait signifier qu'il ne commencerait pas à augmenter le taux directeur de la Fed avant le début de l'année 2012», écrit la Fed de Saint-Louis dans un communiqué accompagnant les morceaux choisis de l'intervention de M. Bullard.

Le taux directeur de la Fed est quasi nul depuis la mi-décembre, et la banque centrale a prévenu qu'il devrait rester longtemps «extrêmement bas» du fait de la faiblesse attendue de la reprise.

Néanmoins, faisant référence aux critiques émises contre la Fed, à qui certains reprochent d'avoir favoriser la bulle immobilière à l'origine de la crise en tardant à remonter les taux, M. Bullard a estimé que «l'argument du "taux trop bas trop longtemps" pourrait peser lourdement sur les décisions du FOMC cette fois-ci».

«La focalisation des marchés sur le niveau du taux d'intérêt de la banque centrale est décevante», a-t-il ajouté, faisant implicitement référence aux remarques de ceux qui commencent déjà à dire que la Fed risque de faire dérailler la reprise en favorisant un retour en force de l'inflation à force de maintenir son taux bas.

M. Bullard a notamment fait référence au fait que la Fed, qui a abaissé son taux jusqu'à la limite basse, est engagée dans une politique de soutien à la liquidité sans précédent. Il a relevé que l'inflation restait encore faible.

Passant pour un des dirigeants de la Fed les plus sourcilleux en matière de maîtrise de l'inflation, il votera en 2010 au FOMC.