Un dirigeant de la banque centrale américaine (Fed), Eric Rosengren, a affirmé mardi que les grosses banques étaient ressorties de la crise financière encore plus grosses, rendant les États encore moins capables de résoudre leurs problèmes potentiels.

«Bien que le problème du "trop gros pour faire faillite" soit largement reconnu, beaucoup de nos plus grandes banques mondiales se sont en fait développées pendant la crise», a expliqué M. Rosengren, lors d'un discours à Londres.

«En vérité, dans beaucoup de cas, la taille des plus grandes banques est devenue immense par rapport à la taille à la fois de leurs pays d'origine et d'accueil», a-t-il ajouté, selon le texte de son discours transmis à la presse aux États-Unis.

M. Rosengren a calculé que le total des actifs des trois plus grandes banques américaines, qui était d'un peu plus de 30% du produit intérieur brut des États-Unis en 2005, avait dépassé les 40% en 2008. En France, le rapport est passé des environs de 180% à près de 250%, et au Royaume-Uni d'environ 200% à plus de 400%.

«Dans un sens, elles deviennent "trop grosses pour qu'on permette qu'elles aient des problèmes ou de fortes contraintes", si l'on considère l'impact sur les emprunteurs dépendants des banques», a souligné le responsable de la Fed, qui dirige l'antenne de la banque centrale à Boston.

«Si les plus grandes banques devaient avoir des problèmes, il pourrait y avoir des questions sur la capacité financière d'un État souverain à organiser leur démantèlement ordonné», mais même si les États étaient dotés de cette capacité, «le coût pour les contribuables pourrait être tellement énorme qu'il n'y aurait pas la volonté politique», a prévenu M. Rosengren.

Il a donc plaidé pour une réflexion sur des mécanismes internationaux adaptés à ces grandes banques mondialisées, ainsi que pour des normes en capital sévères pour ces grandes banques, avec l'obligation de «constituer de plus grandes réserves pendant les périodes favorables».