L'organisme de refinancement hypothécaire américain Fannie Mae a annoncé jeudi avoir subi au troisième trimestre une nouvelle perte nette très lourde, de 18,9 milliards de dollars, qui l'a poussé à réclamer au Trésor une aide publique de 15 milliards de dollars.

La perte sur ce trimestre a été réduite de 35% par rapport au même trimestre de l'exercice précédent, mais s'est aggravée par rapport au deuxième trimestre, où elle était de 14,8 milliards de dollars, a indiqué le groupe dans un communiqué.

Le groupe a attribué ce nouveau trou dans ses finances à «22,0 milliards de dollars de dépenses, reflétant l'accumulation continue à la fois des provisions pour pertes et des dépréciations dues à l'ajustement comptable au prix le plus juste».

Ces dépréciations sont attribuées au «nombre croissant de prêts qui ont été acquis auprès de détenteurs de titres adossés à des créances hypothécaires afin de poursuivre le programme de modification des termes de l'emprunt» pour les propriétaires en difficulté, a expliqué Fannie Mae.

L'organisme est en effet sollicité par les pouvoirs publics pour reprendre des titres adossés à des prêts immobiliers dont la valeur s'est effondrée, et soutenir de cette manière le marché immobilier.

«Par conséquent, (mercredi), le directeur de l'Agence fédérale de financement du logement (l'administration de tutelle de l'entreprise, ndlr) a soumis une requête en vue d'obtenir 15,0 milliards de dollars auprès du Trésor au nom de la société», a ajouté Fannie Mae.

La société et sa cousine Freddie Mac bénéficient chacune d'une ligne de crédit de 100 milliards de dollars sur lesquelles elles doivent puiser pour maintenir leur valeur d'actifs supérieure à leur passif.

Depuis le début de l'année, Fannie Mae a fait appel à cette facilité à hauteur de 60,9 milliard de dollars: 16,2 milliards en février, 19 milliards en mai, 10,7 milliards en août, et désormais 15 milliards de dollars qui seront nécessaire «avant le 31 décembre», d'après la société.

Elle en est à son neuvième trimestre de pertes consécutif, pour un total de 120,5 milliards de dollars. Et elle ne devrait pas revenir aux bénéfices dans un avenir prévisible: «Nous prévoyons que nos pertes de crédits et notre ratio de pertes de crédits continueront à croître pour le reste de 2009 et en 2010», a prévenu l'organisme.

Le bilan de Fannie Mae était plombé par 198,3 milliards de dollars «prêts non performants» au 30 septembre, 16% de plus que trois mois auparavant.

Son chiffre d'affaires s'est limité au troisième trimestre à 5,9 milliards de dollars, dont près des deux tiers en intérêts sur son activité de crédit, et près d'un tiers rémunérant sa garantie.

Dans une étude publiée en octobre, la Banque de réserve fédérale de San Francisco, une branche régionale de la banque centrale (Fed), avait estimé que Fannie Mae, Freddie Mac et un autre organisme public de même type, Ginnie Mae, garantissaient ou fournissaient à eux trois près de 95% des nouveaux prêts hypothécaires résidentiels, portant à bout de bras l'ensemble du marché national.

Fannie Mae a plaidé pour une poursuite du soutien de la Fed, qui achète sa dette dans des proportions gigantesques (147 milliards de dollars à ce jour, en ajoutant celle de Freddie Mac).

«Nous pensons que notre statut d'organisme parapublic et le maintien du soutien de l'État fédéral à notre activité et sur les marchés financiers est essentiel pour que nous ayons toujours accès à des financements», a affirmé le groupe.

Interrogé par l'AFP, le Trésor n'a pas commenté ses résultats ni sa demande de financement.