La dette publique des États-Unis devrait atteindre dans le courant du mois de décembre le plafond de 12,104 milliards de dollars autorisé par le Congrès, a estimé mercredi le département du Trésor américain.

«Sur la base des projections actuelles, le Trésor prévoit que le plafond de la dette sera atteint entre le milieu et la fin du mois de décembre», écrit le ministère dans son rapport trimestriel sur le refinancement de la dette.

«Le Trésor travaille en étroite concertation avec le Congrès en vue de l'adoption d'une loi augmentant ce plafond», ajoute le texte.

Le Ministère indique également qu'il compte mettre fin à ses émissions d'obligations du Trésor indexées sur l'inflation (TIPS) à 20 ans pour les remplacer par des TIPS à 30 ans, à raison d'une adjudication par semestre, à partir de février.

Cela devrait permettre «d'améliorer la liquidité sur les TIPS» et de «retarder la maturité moyenne» de ces titres, indique le Trésor, sans mentionner le fait que la faiblesse des taux lui est pour l'instant favorable.

La dette publique américaine avait dépassé le seuil symbolique des 10 000 milliards de dollars fin 2008, et son plafond avait été remonté à 12 104 milliards (plus de 80% du PIB américain de 2008) en février lors du vote du plan de relance budgétaire de 787 milliards de dollars sur trois ans.

Son nouveau rehaussement pourrait donner lieu à des passes d'armes entre la majorité démocrate et l'opposition républicaine, ragaillardie par deux victoires électorales lui ayant permis mardi de remporter deux postes de gouverneurs

Les républicains ont fait de la montée de l'endettement de l'État fédéral un de leurs chevaux de bataille, et ils ne manquent pas une occasion de critiquer ce qu'ils présentent comme l'incurie du gouvernement en matière de gestion des finances publiques, thème porteur dans leur électorat, voire au-delà.

Le déficit budgétaire des États-Unis a atteint le montant record de 1.417 milliards de dollars sur l'exercice 2008-2009 qui s'est achevé fin septembre. À environ 10% du PIB, il n'avait jamais pesé autant sur le pays depuis 1945.

Malgré la volonté affichée par le gouvernement de remettre de l'ordre dans les finances publiques, les choses ne devraient pas s'améliorer en 2010, puisque le Bureau du budget de la Maison-Blanche (OMB) table sur un nouveau déficit record, de 1502 milliards de dollars pour l'exercice qui vient de commencer.

Les démocrates insistent sur le fait que la montée du déficit résulte surtout des mesures d'urgences, temporaires, mises en oeuvre pour permettre à l'économie américaine de passer la crise, et jugées encore vitales par nombre d'économistes comme le prix Nobel Paul Krugman.

Ils rappellent aussi que le président américain Barak Obama a repris à son arrivée à la Maison-Blanche la situation budgétaire catastrophique léguée par son prédécesseur, le républicain George W. Bush.

Celui-ci avait hérité d'un budget excédentaire à son arrivée au pouvoir mais a quitté son poste avec un déficit budgétaire record (à l'époque) de près de 455 milliards de dollars fin septembre 2008.

Mais la rhétorique seule n'aide en rien à maîtriser le budget, et l'OMB a reconnu implicitement fin août que le gouvernement risquait fort, dans les conditions actuelles, de ne pas être en mesure de respecter l'engagement pris en février par M. Obama de ramener le déficit public sous le seuil de 3% du PIB d'ici à la fin de son mandat, en 2013.