En volant au secours de Wall Street à coup de centaines de milliards, George W. Bush croit avoir empêché une autre Grande Dépression.

«Je pense que j'ai empêché une deuxième Grande Dépression, mais c'est impossible à prouver», a dit l'ancien président américain hier lors d'un discours à l'hôtel Reine-Elizabeth de Montréal devant 1000 convives, qui ont payé entre 250$ et 400$ le billet afin d'entendre ses paroles. Il aurait empoché 140 000$ pour ce discours.

Devant son auditoire montréalais, l'ancien président a confié comment lui, un politicien de droite et adepte du laissez-faire économique, s'est laissé convaincre d'injecter 700 milliards$US à Wall Street en septembre 2008. A priori, George W. Bush voulait laisser les banques à leur propre sort.

«J'étais assis dans mon bureau avec Ben Bernanke (le président de la Fed) et Hank (Henry) Paulson (le secrétaire au Trésor), dit l'ancien président. Ils m'ont dit: «Monsieur le président, si nous ne faisons rien de gros, de très gros, vous allez présider une récession plus importante que la Grande Dépression.» Je ne suis pas un économiste, mais voyons voir: Grande Dépression ou pas de Grande Dépression, qu'est-ce que je choisis? Je ne voulais pas être le président durant une deuxième Grande Dépression, alors nous avons agi rapidement et de façon importante.»

George W. Bush compare aujourd'hui la crise financière à un pénible lendemain de veille. «Wall Street s'est soûlé et nous nous sommes tous réveillés avec un mal à la tête», dit-il. Venant de quelqu'un qui a eu des problèmes d'alcool, l'image est encore plus forte.

Le 43e président des États-Unis a admis sa difficulté à comprendre le fonctionnement de certains produits financiers ayant mené à la crise actuelle. «Je suis quelqu'un qui a étudié longtemps, et je ne comprenais rien de certains de ces produits, dit-il. On me parlait de ceci et de cela, mais tous ces produits étaient tellement compliqués. Avant la crise, il y avait tellement d'argent à faire que la communauté financière inventait des produits pour profiter de la manne.»

Le secteur privé

S'il a surtout parlé du passé - c'est le destin de tous les anciens présidents -, George W. Bush a aussi abordé l'avenir. Et au plan économique, l'avenir sera à l'image des résultats du secteur privé, croit-il. «Seul le secteur privé peut nous sortir d'une récession, dit-il. J'espère que le gouvernement sortira le plus vite possible de l'industrie financière et de l'industrie automobile. Pour moi, ces mesures étaient temporaires. Et par temporaire, je voulais dire temporaire.»

À son troisième discours en trois jours au Canada après Edmonton et Saskatoon, le président Bush a pris soin de dénoncer la clause Buy American, qui exclut les entreprises canadiennes du processus d'attribution des contrats des États américains et des villes américaines en vertu du plan de relance économique. «Le libre-échange crée de la richesse. La clause Buy American est une mauvaise clause qui doit être enlevée», a-t-il dit sous les applaudissements nourris de la foule.

L'ancien président américain travaille présentement sur ses mémoires. «Beaucoup de gens pensent que je ne sais pas lire, alors imaginez ce qu'ils pensent de ma capacité à écrire un livre!» a-t-il blagué. Sur un ton plus sérieux, il a ajouté que ses mémoires sortiront l'an prochain.