Les États-Unis ont accusé comme prévu un déficit budgétaire record en 2008-2009 mais l'heure n'est pas encore à la réduction des dépenses malgré la volonté affichée à Washington de remettre de l'ordre dans les finances publiques.

Le déficit de l'État fédéral a atteint 1417 milliards de dollars, soit environ 10% du PIB américain, pour l'ensemble de l'exercice clos fin septembre, selon les chiffres publiés vendredi par le département du Trésor. Le déficit n'avait jamais autant pesé sur le produit intérieur brut depuis 1945.

Les comptes ont été affectés par un baisse de 16,6% des recettes fiscales provoquée par la crise et par une hausse des dépenses de 18,2%: relance budgétaire, hausse des prestations sociales et sauvetage d'institutions financières.

Les recettes ont atteint 2105 milliards de dollars, pour ne représenter que 14,8% du PIB, leur niveau le plus bas en plus de 50 ans. À 3522 milliards de dollars, les dépenses ont atteint au contraire leur niveau le plus haut en plus d'un demi-siècle (24,8% du PIB).

Le déficit pour 2008-2009 a finalement été «inférieur à nos prévisions, en partie parce que nous sommes en train de réussir à réparer le système financier à un moindre coût pour les contribuables», a écrit le secrétaire au Trésor Timothy Geithner dans un communiqué.

Selon les chiffres du Trésor, les sorties nettes au titre du plan de sauvetage du système financier promulgué en octobre 2008 ont été inférieures aux attentes. Le sauvetage des organismes de financement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac annoncé en septembre 2008 s'est avéré lui aussi moins onéreux que prévu.

Les États-Unis ont financé leur déficit en s'endettant considérablement, mais cela s'est fait dans des conditions favorables, du fait de la faiblesse des taux: les intérêts payés par l'État au titre de la dette publique ont atteint 383 milliards de dollars, soit environ 15% de moins que lors de l'exercice précédent.

À la fin de l'exercice, la dette publique des États-Unis dépassait les 11 900 milliards de dollars.

M. Geithner a redit la volonté du gouvernement de ramener le déficit à des «niveaux viables à mesure que l'économie se reprendra».

Mais cela n'est pas pour tout de suite. En effet, alors que la reprise est là depuis l'été, M. Geithner répète à l'envi qu'il serait folie de cesser de soutenir l'économie avant que la croissance ne soit vraiment installée.

Et sur les 787 milliards de dollars sur trois ans prévus par le plan de relance promulgué en février, seuls 113 milliards de dollars ont été dépensés sur l'exercice écoulé.

Le Bureau du budget de la Maison-Blanche (OMB) table d'ailleurs sur un nouveau déficit budgétaire record, de 1502 milliards de dollars pour l'exercice qui vient de commencer.

Estimant que la situation actuelle est «le résultat» de la politique de George W. Bush, Charles Fant, chef de la Commission du budget de la Chambre des représentants, a jugé qu'il ne fallait pas chercher à réduire le déficit «avant que l'économie ne se soit totalement remise».

M. Bush, qui a quitté la Maison-Blanche en janvier, avait hérité d'un budget excédentaire à son arrivée au pouvoir en janvier 2001. Mais sous sa direction, l'État fédéral est retourné au déficit dès 2002.

Le Congrès estimait en août que le coût financier des opérations militaires liées aux deux guerres (d'Afghanistan et d'Irak) qu'il a déclenchées se montait à près de 850 milliards de dollars depuis 2001.