Deux victimes du financier new-yorkais Bernard Madoff ont porté plainte contre la commission des opérations de bourses américaine (SEC) pour «faute lourde» dans ce dossier, selon des documents judiciaires obtenus mercredi par l'AFP.

Cette plainte a été déposée mardi devant le tribunal de Manhattan par une retraitée et un médecin qui ont perdu à eux deux «plus de 2,4 millions de dollars» dans la fraude.

Les griefs s'appuient essentiellement sur les conclusions de l'inspecteur général du gendarme boursier en août. Il avait en effet dénoncé l'inaction de la SEC alors que les activités de M. Madoff avaient été portées à son attention plusieurs fois, des années avant que la fraude éclate au grand jour en décembre 2008.

«Bernard Madoff est évidemment le premier coupable dans la fraude (...) mais la SEC doit être tenue pour responsable de ses actions ou inactions imprudentes, qui ont causé la perte directe et immédiate de milliards de dollars pour les investisseurs», écrivent les avocats des deux victimes.

Ils dénoncent «la négligence, l'incompétence, l'inexpérience, le manque d'attention et la paresse de la SEC» et réclament «des dommages et intérêts» pour leurs clients d'un montant au moins égal à leur investissement initial.

Selon eux, entre 1998 et 2002, la SEC a reçu «au moins huit plaintes que Madoff organisait un schéma de Ponzi». «Bien que de nombreuses preuves des activités frauduleuses de Madoff leur aient été présentées, les employés de la SEC n'ont pas donné suite et n'ont pas réussi à les reconnaître pour ce qu'elles étaient: les clés pour découvrir ce qui est peut-être la plus grande fraude de l'histoire», estiment les avocats.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole du gendarme boursier américain a estimé que «à partir de notre première lecture du dossier, il n'y a pas de base pour la plainte».

L'agence fédérale est en principe protégée par un statut d'immunité sur ses décisions qui rend les poursuites en justice très difficiles.

Bernard Madoff a été condamné à 150 ans de prison pour une fraude portant sur plusieurs milliards de dollars et qui a causé la ruine de milliers de personnes et d'institutions, dont des célébrités, des organisations caritatives et de grandes banques.