Le Mitsubishi Regional Jet (MRJ) s'est faufilé entre les biréacteurs régionaux de Bombardier et d'Embraer pour s'emparer d'une importante commande aux États-Unis.

La société Trans States Holdings, qui exploite les transporteurs régionaux Trans States Airlines et GoJet Airlines, a annoncé hier qu'elle avait signé une lettre d'entente avec Mitsubishi Aircraft Corporation pour 100 appareils, soit 50 commandes fermes et 50 options. Pour Mitsubishi, il s'agit d'une première commande provenant de l'extérieur du Japon. À venir jusqu'à maintenant, l'entreprise ne pouvait compter que sur une commande du transporteur japonais All Nippon Airways pour 25 appareils, soit 15 commandes fermes et 10 options.

Le MRJ est une famille de biréacteurs régionaux de 70 à 90 places qui entre directement en concurrence avec le CRJ700, le CRJ900 et le CRJ1000 de Bombardier, ainsi qu'avec l'E170 et l'E190 d'Embraer. Si Trans States Airlines exploite quelques appareils d'Embraer, GoJet exploite une quinzaine de CRJ700.

La commande de Trans States Holdings ne faisait cependant par partie des contrats potentiels que Bombardier a fait miroiter il y a un mois, à l'occasion de la divulgation des résultats trimestriels. L'un de ces contrats est en voie de se matérialiser: la société mère d'American Airlines, AMR, a signé une lettre d'intention pour l'acquisition de 22 appareils CRJ700.

Menace pour Bombardier

Cameron Doerksen, analyste de la firme Versant Partners, a affirmé que la commande de Trans States Holdings donnait de la traction au MRJ.

«C'est bon pour Mitsubishi, a-t-il déclaré. Pour Bombardier, le MRJ représente une menace potentielle un peu plus grande.»

David Newman, de la Financière Banque Nationale, a noté que ces derniers temps, Mitsubishi s'était montrée particulièrement combative dans ses efforts pour obtenir des commandes sur le terrain de Bombardier et d'Embraer.

Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, a rappelé que Mitsubishi était sous pression et devait vraiment aller se chercher de nouveaux contrats.

«Des sources de l'industrie craignaient même que le programme soit annulé en raison du manque de commandes», a-t-il écrit.

Il a ajouté qu'on ne savait rien du prix offert par Mitsubishi à Trans States. Bombardier aurait peut-être dû consentir des rabais trop importants pour arracher ce contrat.

«Ce que j'aime de Bombardier, c'est qu'elle veut maintenir la profitabilité de son carnet de commande», a commenté M. Poirier.

Il a ajouté que le programme de MRJ demeurait encore un sérieux défi pour Mitsubishi.

«L'entreprise a annoncé d'importants changements au design de l'appareil, ce qui retarde son premier vol de six mois», a-t-il rappelé.

Bombardier a eu une très mince consolation hier. Elle a annoncé que le transporteur national de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Air Nuigini, avait passé une commande ferme pour deux turbopropulseurs Q400, en plus de placer une option pour un appareil supplémentaire.

La valeur du contrat, au prix de détail, est de 92 millions de dollars US, si l'option est exercée.

Le titre de Bombardier a baissé de 2,5% pour clôturer à 4,76 dollars à la Bourse de Toronto hier.