La baisse du produit intérieur brut des États-Unis a fortement ralenti au deuxième trimestre, et la première économie mondiale apparaît désormais bel et bien en train de sortir de plus d'un an et demi de récession.

Le département du Commerce a indiqué jeudi que le recul de l'activité économique américaine n'avait atteint que 1,0% en rythme annuel au cours du printemps, confirmant ainsi sa première estimation publiée fin juillet.

Ce chiffre est meilleur que celui prévu par les analystes, qui s'attendaient à une révision faisant apparaître une baisse du PIB de 1,5%.

Si les trois mois du printemps ont marqué le quatrième trimestre consécutif de baisse du PIB, la chute libre de l'activité après la faillite de la banque d'affaires Lehman Brothers, en septembre, appartient au passé. À titre de comparaison, le PIB américain avait chuté successivement de 2,7%, 5,4% et 6,4% aux trois trimestres précédents.

Dans un discours prononcé alors qu'étaient publiés les chiffres du Commerce, Jeffrey Lacker, un des dirigeants de la banque centrale américaine (Fed) a affirmé que la reprise de l'économie serait manifeste dans les chiffres du troisième trimestre.

M. Lacker est le premier responsable de la Fed à dire ouvertement que la reprise est en cours. Le président de la banque centrale, Ben Bernanke, avait délivré vendredi son discours le plus optimiste depuis plus d'un an, mais il s'était contenté d'estimer que les perspectives d'une reprise «à court terme» étaient «bonnes».

Mais comme M. Bernanke, M. Lacker a insisté sur la fragilité de cette reprise devant mettre fin à la récession «la pire» qu'aient connus les Etats-Unis «depuis les années 1930».

«La reprise devrait être lente et connaître des à-coups pendant quelque temps», et il reste «des difficultés majeures» à surmonter, a-t-il prédit, affirmant que le niveau du «chômage (restait) une inquiétude de premier ordre».

La veille, un autre de ses collègues de la banque centrale, Dennis Lockhart, était allé jusqu'à parler de «la possibilité d'une reprise sans emplois».

Les chiffres du PIB témoignent encore de la fragilité de l'économie des États-Unis malgré son amélioration: l'investissement des entreprises et des ménages a encore chuté de 13,5% au deuxième trimestre, et sans l'aide de l'État, la chute de l'activité aurait été bien pire, puisque les dépenses publiques ont assuré 1,27 point de croissance.

La baisse de la consommation a fait perdre 0,69 point de croissance alors que les dépenses des ménages sont le moteur traditionnel de l'économie des États-Unis et assurent en temps normal les deux tiers du PIB. Mais la Fed s'attend que celles-ci restent sous pression un certain temps encore du fait de la persistance d'un niveau de chômage élevé.

Signe encourageant pour l'avenir, les forts déstockages du deuxième trimestre (ils ont fait perdre 1,39 point de croissance au pays) devraient marquer la fin d'un cycle d'ajustement des stocks permettant en théorie aux entreprises d'augmenter fortement la production pour s'adapter à la hausse de la demande, quand celle-ci se manifestera.

Les chiffres du département du Commerce montrent également une forte progression des profits des entreprises au deuxième trimestre, de 5,7% en rythme annuel

Pour l'économiste indépendant Joel Naroff, «la combinaison d'un faible recul de la croissance et d'une forte productivité a permis une hausse solide des bénéfices (des entreprises), susceptible de déboucher sur une hausse des investissements dans un avenir proche».