L'agence d'évaluation financière Standard and Poor's a publié lundi une note de recherche où elle prévient que la Réserve fédérale des États-Unis va subir des pressions politiques pour maintenir ses taux bas le plus longtemps possible.

D'après l'économiste en chef de l'agence, David Wyss, la banque centrale ne bougera pas son principal taux directeur, proche de zéro depuis décembre, «avant fin 2010». Mais au moment où elle devra le faire pour éviter une envolée de l'inflation, ce sera «une mesure impopulaire».

«Le problème pour la Fed sera de resserrer sa politique monétaire juste au moment où la dette de l'État fédéral et les intérêts qu'il paye atteignent des niveaux jamais vus comparés au produit intérieur brut et aux recettes fiscales», a souligné l'économiste.

«Cela pourrait devenir politiquement difficile (...) Le Congrès se battra pour maintenir des taux bas. Donc il nous faudra quelqu'un à la tête de la Fed qui a une idée claire de ce qui est nécessaire et le courage de relever les taux quand le moment sera venu», a-t-il poursuivi.

Les économistes débattent actuellement aux États-Unis pour savoir si les liquidités injectées par la banque centrale dans le système financier, pour des montants gigantesques, vont finir par inonder l'économie et provoquer une poussée brutale d'inflation une fois que l'activité reprendra.

Si le président de la Fed, Ben Bernanke, a expliqué comment son institution allait retirer ces liquidités, certains doutent qu'elle le fasse efficacement et à temps.

M. Wyss a estimé qu'une reprise de l'inflation aurait des conséquences graves.

«Même si l'idée de se servir de l'inflation pour se sortir de notre excès de dette (en abaissant sa valeur réelle, ndlr) paraît attirante pour la classe politique, cela ne va pas sans un coût grave pour l'économie et le budget de l'État fédéral, les taux d'intérêt montant» et les investisseurs «se détournant d'un dollar en baisse», a-t-il considéré.