La Chambre des représentants américaine a adopté vendredi un projet de loi destiné à limiter la rémunération des dirigeants des grandes entreprises renflouées par l'Etat, dont l'ampleur scandalise les Américains.

Les parlementaires ont approuvé cette loi par 237 voix contre 145 au lendemain même de la publication d'un rapport officiel préparé par les services du ministre de la Justice de l'État de New York, Andrew Cuomo, dénonçant des primes sans lien avec les résultats financiers des banques, dépassant parfois les bénéfices de ces établissements.

«Le Congrès a réalisé aujourd'hui une avancée cruciale dans les efforts pour réformer la façon dont Wall Street fonctionne et pour prévenir une future crise financière qui menacerait l'état de santé de notre économie», a souligné la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi.

La mesure votée vendredi par la Chambre donne le droit aux actionnaires de se prononcer chaque année sur les avantages dont bénéficient les patrons et aux régulateurs du gouvernement de limiter certaines formes de compensations qu'ils jugeraient néfastes.

Le texte permet aussi aux autorités d'interdire les systèmes de rémunération «encourageant une prise de risque excessive».

Le Sénat américain, où le devenir de cette loi reste incertain, ne devrait pas se prononcer sur cette mesure avant les vacances parlementaires qui débutent le 7 août.

Le président américain Barack Obama et ses alliés démocrates ont promis d'accroître le contrôle du monde de la finance.

Le secrétaire au Trésor Timothy Geithner s'est félicité que le Congrès se soit saisi «promptement» de ce projet de loi.

D'autres projets de loi de la réforme de la finance suscitent en effet plus de polémique et de réticence au Congrès.

«C'est un pas positif pour accroître la responsabilité et la transparence dans la rémunération des dirigeants, et contribuer à s'assurer que les salaires encouragent la performance à long terme», a affirmé M. Geithner dans un communiqué.

Selon le rapport des services d'Andrew Cuomo, les primes versées par les banques Goldman Sachs, Morgan Stanley et JP Morgan Chase ont dépassé les bénéfices de ces sociétés. Les deux premières ont cependant reçu 10 milliards du contribuable pour les aider à traverser la crise financière après la faillite de leur concurrente Lehman Brothers le 15 septembre 2008 et JP Morgan Chase 25 milliards de dollars.