Le rendement réel (après inflation) des obligations américaines de 10 ans est à son plus haut depuis 15 ans, alors que démarre la semaine la plus chargée en matière d'émissions de Treasuries depuis un quart de siècle. Mais l'occasion n'est pas si belle pour se relancer dans le marché obligataire, estiment des économistes contactés par La Presse Affaires.

En fin de journée hier, les taux des titres américains de 10 ans se transigeaient à 3,72%. Compte tenu de l'inflation négative de -1,4% enregistrée en juin (par rapport à juin 2008), cela représente un rendement réel de 5,12%.

«Très peu de gens pensent que l'inflation va rester négative pendant les cinq prochaines années, estime Mathieu d'Anjou, économiste principal au Mouvement Desjardins. En réalité, le taux n'est peut-être pas si intéressant. Le taux nominal demeure historiquement bas.»

D'ailleurs, l'écart entre le taux des obligations nominales et celui des obligations protégées contre l'inflation laisse croire que le marché anticipe une inflation de 1,9% pendant les 10 prochaines années.

«Il faut faire attention, dit quant à lui Douglas Porter, de BMO Marchés des capitaux. Je pense en fait que les obligations gouvernementales offrent, au mieux, un rendement moyen.»

«Ce n'est pas parce que les taux ont augmenté que c'est le temps de sauter dans le train, dit Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint, Groupe financier Banque Nationale. Car, ce qui s'en vient, c'est une hausse des taux d'intérêt des banques centrales et une hausse des rendements, donc une baisse des prix des obligations. Il faudra acheter quand la Fed sera à la fin de sa campagne de hausse des taux d'intérêt.»

Le Trésor américain émettra environ 200 milliards d'obligations cette semaine, allant de titres de très court terme à des titres de 20 ans protégés contre l'inflation.

Au Canada, les taux des obligations 10 ans étaient de 3,58% hier. La dernière mesure d'inflation au pays était de -0,3%.