Les ventes de détail aux États-Unis ont progressé en juin pour le deuxième mois de suite mais la consommation, vitale pour le retour du pays à la croissance, ne parvient toujours pas à décoller.

Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés mardi par le département du Commerce à Washington, les ventes des distributeurs et des entreprise de restauration ont progressé en juin de 0,6% par rapport à mai (contre 0,5% le mois précédent).

La hausse est plus forte que prévu par les analystes, qui l'attendaient à +0,4%.

Mais si l'on exclut les ventes d'essence (soumise à de fortes variations de prix) et d'automobiles (sujettes à des fluctuations importantes d'un mois sur l'autre), l'indice est en baisse pour le quatrième mois consécutif, de 0,2%.

Cet indice ne tenant pas compte des variations de prix, il a été artificiellement gonflé par la hausse de l'activité des stations-service (+5,0% sur un mois), liée à un renchérissement de l'essence de 18,5% en juin, selon d'autres chiffres publiés par le département du Travail.

La hausse des ventes d'automobiles (+2,3%) a également joué un rôle important. Malheureusement, estime Michael Gregory, économiste de BMO Capital Markets, elle est liée uniquement à un effet prix car les volumes ont baissé.

Sur les treize composantes de l'indice des ventes de détail, six ont baissé en juin, et une est restée stable.

«La frénésie d'achats n'est pas encore de retour», constate l'économiste indépendant Joel Naroff, pour qui «les dépenses de consommation des ménages ne devraient pas avoir beaucoup contribué à la croissance au deuxième trimestre».

Pour Elsa Dargent, économiste de Natixis, c'est même l'inverse: «Etant donné la faiblesse de l'indice de base des ventes de détail au cours des trois derniers mois [...] la consommation devrait avoir baissé au deuxième trimestre».

Les ventes de détail donnent une bonne idée de la tendance de la consommation des ménages, qui représente normalement plus des deux tiers de la croissance du produit intérieur brut des États-Unis.

Après son effondrement du second semestre 2008, la consommation a progressé de 1,4% en rythme annuel, au premier trimestre, sans pour autant empêcher une chute du PIB de 5,5%.

Le ministère du Commerce doit publier le 30 juillet sa première estimation du PIB pour le deuxième trimestre, qui devrait faire apparaître une nouvelle baisse de l'activité, pour le quatrième trimestre de suite, mais moins forte que pendant les trois mois d'hiver.

Alors que la reprise est attendue pour le deuxième semestre, les autorités de Washington comptent faire revenir les Américains dans les magasins grâce au plan de relance promulgué en février et à l'action de la banque centrale (Fed) pour débloquer le marché du crédit à la consommation.

Mais avec l'augmentation du chômage et la baisse continue des prix de l'immobilier, qui appauvrit les propriétaires de leur logement (plus de 67% des ménages), les Américains font preuve de prudence et préfèrent se désendetter et épargner: la part de leur revenu disponible mis de côté est au plus haut depuis plus de 15 ans.

Les chiffres des ventes de détail «laissent penser que les dépenses réelles de consommation continuent de se stabiliser», remarque Patrick Newport, économiste de l'institut IHS Global Insight, «mais celles-ci ne sont pas encore engagées sur la voie d'une reprise ferme», et devraient avoir baissé de «0,3% à 0,5%» en rythme annuel au deuxième trimestre.