L'économie américaine semble avoir passé le plus fort de la crise, comme en témoignent les chiffres définitifs du PIB pour le premier trimestre publiés jeudi, mais nombre d'indicateurs attestent encore de sa fragilité.

Selon les chiffres définitifs du ministère du Commerce, le produit intérieur brut des États-Unis a chuté de 5,5% en rythme annuel au premier trimestre, ce qui marque une amélioration après le plongeon de l'activité au trimestre précédent (-6,3%).

Malgré tout, les trois mois d'hiver ont marqué le troisième trimestre consécutif de recul de l'activité aux États-Unis, et tout indique que ce recul est en train de se prolonger pendant le trimestre en cours, à un rythme toutefois moins rapide.

La banque centrale a reconnu mercredi que «le rythme de contraction de l'économie ralentissait» mais a prévenu aussi que l'activité devrait rester «faible pendant un temps» encore.

En conséquence, la Réserve fédérale (Fed) a maintenu son taux directeur quasiment a zéro et a indiqué qu'il y avait peu de raisons de penser qu'elle puisse le remonter avant longtemps.

Jeudi, la Fed en a rajouté en prolongeant de trois mois jusqu'au 1er février quatre programmes exceptionnels de soutien au crédit et à la liquidité mis en place pour faire face à la crise.

«La conjoncture des marchés financiers s'est améliorée ces mois-ci, mais, dans de nombreux domaines, le fonctionnement des marchés reste altéré, et il semble probable que ceux-ci restent tendus pendant quelque temps encore», a indiqué la banque centrale pour justifier ces décisions.

La Fed attend que l'économie américaine renoue avec la croissance d'ici à la fin de l'année, mais a prévenu que celle-ci serait «lente», fragile, et très exposée en cas de nouveau choc.

Si nombre d'indicateurs récents ont montré un début de stabilisation de l'économie, il n'y a pas véritablement de signe d'amélioration notable.

Le cas de la consommation des ménages, moteur traditionnel de l'économie américaine, qui assure en temps normal les deux tiers environ de la croissance économique des États-Unis, est exemplaire. Après s'être effondrée au second semestre de 2008, elle a finalement apporté 0,95 point de croissance au pays au premier trimestre, soit sa plus forte contribution depuis l'été 2007, marqué par l'explosion de la bulle des crédits immobiliers à risque, à l'origine de la crise actuelle.

Mais elle évolue en dents de scie depuis le mois de mars, et les analystes s'attendent qu'elle contribue à faire baisser le PIB au cours du trimestre en cours.

S'il offre des signes de stabilisation lui aussi, le secteur de l'immobilier, dont la reprise est jugée comme capitale pour permettre à la croissance de s'installer durablement, montre aussi une évolution assez aléatoire, comme en témoigne la baisse inattendue des ventes de logements neufs en mai, annoncée mardi par le département du Commerce.

En décrépitude depuis plus de deux ans, l'industrie a ralenti sa baisse, mais ne parvient toujours pas à remonter la pente. L'activité dans les services, qui emploient près de 85% de la main d'oeuvre non-agricole du pays, s'est encore contractée en mai.

Le chômage, quant à lui, continue de progresser et devrait atteindre de l'avis général 10% d'ici à la fin de l'année.

Néanmoins, un nombre croissant d'analyste estime que la reprise pourrait désormais arriver dès le troisième trimestre.

De ce point de vue, la reprise des commandes de biens durables en mai est venu apporter une bonne nouvelle sur le front de l'investissement des entreprises, dont la chute sans égale depuis plus d'un demi-siècle a été le premier facteur de baisse du PIB au premier trimestre.