La banque centrale américaine a maintenu mercredi son dispositif anticrise et s'est efforcée de dissiper les attentes d'inflation qui commencent à poindre, en insistant sur le fait que l'activité économique aux Etats-Unis devrait rester «faible» encore un certain temps.

A l'issue de deux jours de réunion à Washington, le Comité de politique monétaire (FOMC) de la Réserve fédérale (Fed) a décidé de maintenir, comme attendu, le taux directeur de la banque centrale dans la fourchette de fluctuation de 0 à 0,25% qui lui est assignée depuis la mi-décembre.

«Le rythme de contraction de l'économie ralentit», mais l'activité économique devrait rester «faible pendant un temps» encore, écrit le Comité dans le communiqué final rendant compte de ses travaux, dont les termes sont très proches de ceux utilisés à l'issue de sa réunion d'avril.

Cette conjoncture devrait justifier le maintien de taux «extrêmement bas» pendant une «longue période», d'autant que l'inflation sera «contenue» encore un certain temps, ajoute le Comité. La banque centrale a redit son engagement à intervenir sur les marchés pour tenter de faire baisser les taux d'intérêt à long terme et assurer un flux permanent du crédit.

Le FOMC a indiqué que la Fed allait continuer son programme de rachats d'obligations du Trésor à long terme (à hauteur de 300 milliards de dollars), réalisé à 60%. La Fed va également continuer de racheter des titres émis par les organismes de refinancement hypothécaire semi-publics jusqu'à hauteur de 1.450 milliards de dollars.

Ces deux programmes ont eu jusqu'en avril l'effet escompté: faire baisser les taux (notamment immobiliers) à long terme, mais ils s'avèrent actuellement impuissant à endiguer leur remontée.

En l'absence de changements dans la conduite de la politique monétaire, les nouveautés sont à rechercher dans la formulation du communiqué final.

Si le ton est très semblable à celui de la réunion d'avril, il est un peu plus optimiste concernant la conjoncture, le FOMC écrivant que la récession «ralentit», alors qu'il jugeait un mois et demi plus tôt qu'elle «sembl[ait] avoir quelque peu ralenti».

Le paragraphe faisant allusion aux menaces de déflation a disparu. Mais la Fed maintient un discours très prudent sur l'évolution de la conjoncture et s'efforce de dissiper les attentes d'inflation.

La banque centrale table sur le fait que l'économie américaine renouera avec la croissance d'ici à la fin de l'année, mais elle cherche à éviter de se retrouver dans la situation d'avoir à remonter les taux (pour lutter contre l'inflation) trop tôt, alors que la reprise, attendue comme fragile dans un premier temps, ne sera pas encore véritablement installée.

Les indicateurs économiques publiés mercredi sont venus rappeler que si l'économie américaine se stabilisait, elle était encore loin de se redresser. A la surprise générale, les commandes de biens durables ont enregistré en mai une forte hausse, mais d'un autre côté les ventes de logements neufs ont reculé de manière inattendue au cours du même mois.

Pour Ian Shepherdson, de l'institut High Frequency Economics, la Fed veut «clairement étouffer» les spéculations sur une hausse des taux ou sur une baisse de son soutien à l'économie «dans un avenir proche».

Les membres du FOMC «jugent toujours l'économie en récession», mais ils sont désormais «certains que la chute libre est terminée», a estimé Augustine Faucher, de Moody's Economy.com.