Le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, a énoncé mercredi quelques «grands principes» devant régir à l'avenir la politique de rémunération des banques, renonçant ainsi à brider par la loi le secteur financier comme il en avait initialement le projet.

«Nous n'allons pas dicter des règles» contraignantes pour l'industrie financière, car cela serait «inefficace», a dit M. Geithner lors d'une point de presse à Washington, en compagnie de la présidente du régulateur boursier (SEC), Mary Schapiro, et du gouverneur de la banque centrale, Daniel Tarullo.

«Je veux être clair sur ce que nous ne faisons pas», a indiqué M. Geithner dans un communiqué publié en marge de cette rencontre: «nous ne limitons pas les salaires» et «nous ne présentons pas de formule précise sur la manière dont les sociétés devraient établir leur politique de rémunération».

Au lieu de cela, le Trésor, qui avait annoncé à l'hiver son intention de brider les banques dans leur politique de rémunération, s'est contenté de présenter une série de principes destinés à promouvoir une politique plus «transparente et responsable» de la part des sociétés financières.

Depuis son arrivée à la tête du Trésor, fin janvier, M. Geithner a répété que la pratique de rémunération des banques, notamment le versement de primes de fin d'année mirobolantes, était l'une des causes de la crise car elle avait fait prendre des risques insensés aux établissements de Wall Street.

Encore en mai, il déclarait que le gouvernement américain voulait modifier en profondeur la politique de rémunération dans les banques.

«Je ne pense pas qu'on puisse revenir à la situation antérieure», disait-il alors, parlant de «changements très, très importants» à venir, et de sa volonté de «mettre en place des normes plus fortes pour les régulateurs afin de faire en sorte que le système des primes et bonus n'anéantisse pas une nouvelle fois l'action des régulateurs».

Susceptibles «d'évoluer avec le temps», les «grands principes» énoncés par le Trésor plaident pour que la politique de rémunération dans l'industrie financière mesure et «récompense la performance de manière adéquate», soit «structurée pour prendre en compte» le risque à long terme, ou encore qu'elle soit conforme à une «gestion du risque saine».

Le Trésor juge aussi qu'il serait bon de réexaminer la question des parachutes dorés et des primes de retraites élevées accordées à certains dirigeants, pour vérifier si ces pratiques sont conformes aux intérêts des actionnaires.

La Maison-Blanche a annoncé de son côté la création d'un poste de «superviseur spécial» qui pourra faire abandonner des plans de rémunérations qu'il jugerait «excessif ou inappropriés» au sein des entreprises ayant reçu une «assistance exceptionnelle» de l'État.

Selon le New York Times, son emprise s'étendrait sur les sept entreprises ayant été renflouées plus de deux fois par l'État: les constructeurs automobiles Chrysler et General Motors, la société de services financiers GMAC, les organismes de refinancement hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac et les banques Citigroup et Bank of America.