Le département du Trésor américain a autorisé mardi dix des plus grandes banques des États-Unis à rembourser les 68 milliards de fonds publics dont elles ont collectivement bénéficié depuis l'automne dans le cadre de son plan de stabilisation du système financier.

Cette décision va permettre à ces établissements de s'affranchir des conditions posées par l'État en contrepartie de son aide --notamment en matière de rémunération-- qu'elles jugent préjudiciables à leur compétitivité.

Huit des banques élues avaient été jugées suffisamment capitalisées par leurs régulateurs début mai à l'issue des «tests de résistances» imposés aux 19 plus grands groupes bancaires du pays pour évaluer leur capacité à faire face à une éventuelle nouvelle dégradation de la conjoncture.

Il s'agit d'American Express, Bank of New York Mellon, BB&T, Capital One, Goldman Sachs, JPMorgan Chase, State Street, et US Bancorp.

A ces banques s'ajoute, Morgan Stanley, jugée insuffisamment capitalisée après les «tests de résistance» mais qui a été retenue après être parvenue à lever 2,2 milliards de dollars sur le marché sans l'aide de l'État.

Northern Trust, qui n'avait pas été soumise aux tests mais est l'une des plus grandes banques régionales du pays, vient compléter le tableau.

Sur les 68 milliards de dollars reçus de l'État depuis l'automne, JPMorgan en avait reçu à elle seule 25 milliards, les banques d'affaires Morgan Stanley et Goldman Sachs 10 milliards chacune.

Grandes absents de cette liste, la première banque du pays, Bank of America, et l'ancien numéro un mondial de la finance, Citigroup, devront patienter avant de pouvoir espérer restituer les 45 milliards reçus de l'État.

Pour le Trésor, les remboursements sont «un signe encourageant de rétablissement financier», mais il y a encore «du travail à faire».

Avec les remboursements déjà reçus de banques de plus petite taille, le Trésor compte récupérer environ 70 milliards de dollars.

L'opération va dégager un gain de «plusieurs milliards» de dollars pour l'État, a indiqué le secrétaire au Trésor Timothy Geithner devant une sous-commission sénatoriale.

Ce gain découle des intérêts perçus par l'État en échange de son aide et des bons de souscriptions d'actions que les banques ont consentis au Trésor.

Un porte-parole du ministère a indiqué à l'AFP que l'État vendrait ces bons si les banques ne souhaitent pas les racheter.

Les dix banques avaient reçu les fonds de l'État dans le cadre d'un plan de recapitalisation lancé par le gouvernement républicain de George Bush.

L'État a investi au total quelque 200 milliards de dollars dans plus de 600 banques par le biais de ce programme. C'était là l'une des principales initiatives permises par les 700 milliards de dollars placés à disposition du Trésor par le Congrès en octobre pour stabiliser le système financier.

Très impopulaire dans l'opinion qui y voyait un sauvetage sans conditions des banques de Wall Street ayant mené le pays à la crise à force d'avoir perdu le sens des réalités, ce plan a été critiqué non moins fortement par ses bénéficiaires, notamment à cause des restrictions de rémunérations imposées aux cadres supérieurs.

Les dix banques autorisées à en sortir vont pouvoir renouer avec leurs vieilles méthodes: après avoir proclamé son intention de brider les banques dans leur politique de rémunération, M. Geithner a laissé entendre mardi que le Trésor se contenterait de présenter «des suggestions pour tenter d'encourager» des pratiques plus responsables.

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