Ce n'est qu'une question de jours, semble-t-il, avant que les démocrates ne soumettent au Congrès un projet de loi pour mieux défendre les intérêts des actionnaires qui comprendrait un vote consultatif sur la rémunération des patrons.

Carol Bowie, chef de l'Institut de gouvernance de RiskMetrics, des consultants de New York, cache mal son impatience. «On s'attendait à ce que cela survienne avant, mais on comprend que le Congrès ait été distrait.»

 

Les experts en gouvernance croyaient que le vote consultatif figurerait au bilan des 100 premiers jours de l'administration Obama. Il faut savoir que le président a fait campagne sur cette question. C'est même lui qui a parrainé au Sénat un projet de loi en ce sens qui avait reçu un appui sans équivoque à la Chambre des représentants. Mais le projet de loi est mort au feuilleton avec le changement de gouvernement.

Il n'empêche que toutes les institutions financières à capital ouvert qui ont été renflouées par le gouvernement doivent soumettre leur rémunération à un vote consultatif. Avec la vingtaine d'entreprises qui ont accepté de tenir de tels votes, l'assureur Aflac étant le premier, ce sont près de 300 votes consultatifs qui se tiendraient cette année.

«Les entreprises qui se sont portées volontaires veulent passer pour des leaders en gouvernance. Mais comme les votes ne sont pas uniformisés, cela donne parfois de drôles de choses.»

Ainsi, l'assureur MBIA a choisi de faire voter ses actionnaires sur des aspects très précis et limités de sa rémunération, ce qui fait sourciller Carol Bowie. Selon elle, cela démontre la nécessité d'une réglementation, pour que tous les actionnaires disposent des mêmes recours.

Mais est-ce qu'un vote consultatif limitera l'escalade des primes et des salaires. «C'est la question à 64 millions de dollars!»