Les investisseurs dépendent des banques plus qu'à tout autre moment au cours des 60 dernières années pour faire sortir les États-Unis de la plus longue baisse des bénéfices depuis la Grande Dépression.

Les entreprises américaines mettront fin à plus de deux ans de baisse des profits d'ici le quatrième trimestre, selon des prévisions d'analystes recueillies par Bloomberg. Et les banques seront responsables de 76% de ce redressement au cours des trois derniers mois de l'année parce que sans les sociétés financières, la progression des titres se transformera plutôt en baisse de 4,5%, selon les données recueillies.

 

Rathbone Brothers Plc, MFS Investment Management et TD Ameritrade Holding soutiennent que la dépendance envers les banques fait craindre que le gain de 25% réalisé par l'indice Standard&Poor's 500 depuis le 9 mars dernier, soit le plus fort redressement depuis 1938, se dissipera. Si la hausse de la vente de maisons et les commandes de biens durables montrent que l'économie a peut-être atteint son creux, il reste que le chômage et l'endettement des consommateurs, de même que la possibilité que les banques soient forcées de déprécier plus de prêts, risquent d'assombrir l'embellie du marché des actions.

«Les gens ne devraient pas s'emballer», avertit Julian Chillingworth, responsable londonien des placements de Rathbone Brothers, qui disposait de plus de 14,6 milliardsUS d'actifs sous gestion à la fin de l'année dernière. «Nous devons d'abord voir de vrais signes de reprise économique», ajoute-t-il.

Mike Mayo, un analyste new-yorkais qui a quitté Deutsche Bank pour entrer chez Calyon Securities, a recommandé hier de vendre les actions des banques parce qu'il prévoit que les pertes sur prêts dépasseront les niveaux de la Grande Dépression.

Repli de 16 mois

Au cours des 11 récessions survenues depuis 1938, les actions ont repris du poil de la bête pendant une moyenne de cinq mois avant que les bénéfices se redressent, selon des données compilées par Bloomberg. L'économie américaine vient de subir un repli pendant 16 mois, ce qui égale les deux plus longues séquences du genre (entre 1973-1975 et 1981-1982) depuis la Grande Dépression.

La baisse des profits qui dure depuis six trimestres consécutifs va empirer encore avant que la situation ne s'améliore. Les bénéfices des compagnies qui forment l'indice Standard&Poor's 500 baisseront encore pendant trois trimestres, indiquent des données de Bloomberg.

Des compagnies comme Microsoft [[|ticker sym='MSFT'|]] et DuPont [[|ticker sym='DD'|]] ont déjà fait savoir que les profits seront décevants.

Mais les analystes prédisent que les banques, les firmes de courtage et les assureurs toucheront des bénéfices d'environ 21 milliards US au cours des trois derniers mois de 2009, comparativement à une perte de 65 milliards US un an plus tôt, d'après des estimations compilées par Bloomberg.

Les sociétés financières ont subi les pires contrecoups du plongeon du marché boursier depuis le sommet record atteint en octobre 2007 tandis que Bear Stearns s'est effondré, que Lehman Brothers a fait faillite et que le gouvernement américain a mis de côté au moins 218 milliards US pour renflouer American International Group (AIG) et Citigroup [[|ticker sym='C'|]].

Depuis que l'indice Standard&Poor's 500 a atteint son niveau record, les actions des compagnies financières se sont dépréciées de 73%, pire baisse parmi 10 groupes industriels.