Le gouvernement américain va réclamer aux deux fils Madoff 31,55 millions $ que leur père Bernard Madoff, accusé d'une gigantesque fraude et incarcéré depuis jeudi dernier, leur avait prêtés ces dernières années, a annoncé mardi le parquet.

Dans un document, le procureur Lev Dassin précise que le gouvernement va demander la saisie de sommes dues par Mark et Andrew Madoff, «dans le cadre de l'action pénale intentée par les États-Unis contre Bernard L. Madoff».

Comme dans le cas de leur mère Ruth Madoff, cette action du gouvernement n'implique pas une présomption de complicité des fils dans la gigantesque fraude dont Bernard Madoff s'est reconnu coupable. Il s'agit de retrouver de l'argent dont le gouvernement estime qu'il a été obtenu de façon illicite.

Les fils quadragénaires de Bernard Madoff travaillaient avec leur père dans son entreprise de courtage, dont les activités étaient légitimes. Ils affirment avoir appris le 10 décembre de la bouche même de leur père la gigantesque fraude que ce dernier avait montée.

Le document publié mardi par le parquet énumère sept prêts, assortis chacun d'une reconnaissance de dette de la part de Mark ou Andrew Madoff, à l'égard de leur père ou de leur mère.

Les prêts ont été consentis entre 2004 et 2008, pour un montant total de 31,55 millions $, et les échéances de remboursement sont échelonnées entre 2010 et 2012.

La liste comprend également des bijoux de Ruth Madoff estimés à 2 624 000 $, ainsi qu'une collection de 35 montres et boutons de manchette appartenant à Bernard Madoff.

Le gouvernement va également demander la saisie des participations de Ruth ou Bernard Madoff, ou des deux, dans une vingtaine de sociétés aux activités très variées, qui vont de la radiologie à l'immobilier.

Dans un document similaire, le parquet avait annoncé lundi que le gouvernement allait demander la saisie de biens et propriétés inscrits au nom de Ruth Madoff, dont des maisons, des yachts, des voitures, ainsi que de deux comptes ouverts au nom de Mme Madoff et sur lesquels se trouvent environ 63 millions $.

«Cela signifie que le gouvernement est persuadé que ces biens ont été acquis avec des fonds illégalement obtenus», et pas forcément que Mme Madoff pourrait être accusée à son tour, a commenté dans une entrevue à l'AFP Jacob Frenkel, ancien enquêteur de la SEC - le gendarme boursier américain - et ancien procureur fédéral.

Bernard Madoff, 70 ans, qui a plaidé coupable de 11 chefs d'inculpation jeudi dernier, est jusqu'ici le seul accusé dans cette escroquerie, qui a atteint selon ses propres calculs quelque 50 milliards $ et grugé institutions caritatives, personnalités fortunées, universités ou banques à travers le monde.

Les avocats de Bernard Madoff ont fait appel de la décision d'incarcération prise jeudi dernier, et la cour d'appel doit statuer jeudi sur cette question.

Le procureur a annoncé qu'il allait requérir le maximum des peines prévues pour tous les chefs d'inculpation, ce qui équivaudrait à 150 ans de prison pour Bernard Madoff, qui est âgé de 70 ans. La sentence doit être prononcée le 16 juin.