Les plans de reprise lancés par les gouvernements en réponse à la «pire récession depuis la Deuxième Guerre mondiale», sont insuffisants et trop lents, a estimé mercredi le prix Nobel d'économie (2001) Joseph Stiglitz.

«Les réponses des gouvernements sont trop faibles et trop lentes», a expliqué M. Stiglitz à Genève lors d'une conférence de presse, soulignant particulièrement l'insuffisance du plan de reprise américain, malgré les quelque 787 milliards de dollars US actuellement prévu, au regard des millions de chômeurs à venir dans le pays.«Nous avons besoin de plans de reprise nettement plus importants et mieux attribués», a-t-il insisté.

L'économiste, connu pour ses critiques de la mondialisation, a été mandaté par le président de l'Assemblée générale de l'ONU, pour produire des recommandations de sortie de crise orientées plus particulièrement sur les pays en développement.

La commission qu'il dirige doit présenter ses premières conclusions dans «les semaines à venir» (avant la réunion des pays industrialisés et émergents du G20 à Londres le 2 avril), a précisé M. Stiglitz en énumérant les premières recommandations qui devraient y figurer.

Elle préconise notamment une aide des pays occidentaux aux pays en développement pour accompagner leur sortie de crise, une meilleure régulation des marchés, une réforme des pratiques des banques centrales, la restructuration des institutions financières internationales ainsi que la création d'une nouvelle structure qui pourrait prendre la forme d'un Conseil économique au sein des Nations Unies.

«Nous soutenons très fortement l'idée que des plans solides de reprise sont nécessaires dans tous les pays du monde mais nous insistons sur le fait que les pays en développement n'ont pas les moyens financiers de lancer des mesures contre-cycliques».

«Il est donc nécessaire de leur fournir une assistance substantielle», a ajouté M. Stiglitz estimant que cette question relevait de la «justice sociale». D'autant, a relevé l'expert, que le commerce de ces pays en développement est défavorisé par les mesures protectionnistes «discriminatoires» mises en place par les pays industrialisés et qui sont encore contenues dans leur plan de sauvetage.