Les sénateurs américains sont parvenus à un accord à l'arrachée vendredi soir sur un plan de relance économique de 780 milliards $, pressés par le président Barack Obama et acculés à un compromis par des chiffres catastrophiques du chômage.

Après de longues tractations, une entente a finalement été trouvée pour tailler dans les quelque 920 milliards que le plan de relance avait atteint au fil des ajouts, grâce au travail en coulisses d'un petit groupe de sénateurs des deux bords.

Le couperet est finalement tombé à 780 milliards. Plusieurs sénateurs démocrates ont précisé que la répartition des dépenses dans le nouveau plan, qui doit encore être approuvé par le Sénat dans son ensemble, est de 58% pour les investissements de toutes sortes (énergie, éducation, santé, etc...) et de 42% pour les réductions d'impôts.

Peu après 19h00, le sénateur démocrate Ben Nelson, qui a conduit les longues négociations entre les sénateurs modérés des deux partis, a annoncé officiellement devant l'assemblée qu'un accord avait été trouvé.

Un vote par l'ensemble des sénateurs devrait intervenir soit vendredi soir, soit au cours du week-end, a précisé le leader des démocrates au Sénat, Harry Reid. La majorité démocrate compte sur trois sénateurs républicains pour faire adopter le plan.

La sénatrice républicaine Susan Collins, qui a conduit les discussions des «modérés» des deux camps aux côtés de Ben Nelson, a estimé que le plan aiderait l'économie américaine «à se remettre d'une dangereuse récession» et aiderait «les Américains, qui partout dans le pays sont dans une passe difficile parce qu'ils ont perdu leur emploi».

Mais l'ancien adversaire de Barack Obama à la présidentielle, le sénateur républicain John McCain, a jugé que «si cette loi est adoptée, ce sera une bien mauvaise journée pour l'Amérique», car «il n'y a aucune provision d'aucune sorte pour réduire, lorsque notre économie commencera à se redresser, cette dette de plusieurs milliards de dollars que nous laissons aux générations futures d'Américains».

Face à la lenteur des tractations, M. Obama avait tapé du poing sur la table vendredi après l'annonce d'un bond du taux de chômage, qui a atteint 7,6%, son plus haut niveau depuis septembre 1992. «Il est inexcusable et irresponsable d'être ainsi bloqué et retardé pendant que des millions d'Américains sont licenciés», a-t-il déclaré.

Les sénateurs «modérés» s'étaient réunis à huis clos depuis plusieurs jours pour ramener le coût total du plan de relance à un niveau qui lui permettrait de gagner des voix républicaines sans perdre celles des démocrates.

Vendredi matin, Harry Reid avait appelé ses collègues à adopter rapidement le plan, qualifiant la journée de «cruciale pour notre pays et le Congrès».

Les républicains disposent d'une minorité de blocage de 41 sièges sur 100 au Sénat.

Le plan était en discussion au Sénat depuis lundi. Une première version, d'un montant total de 819 milliards, a été adoptée par la Chambre des représentants à majorité démocrate, sans aucune voix républicaine, malgré les appels à l'union nationale de Barack Obama.

Si le texte est finalement adopté par le Sénat, il devra être réconcilié avec celui déjà adopté par la Chambre des représentants. Le texte de compromis sera alors remis au vote dans les deux chambres.

«Ce compromis améliore nettement» le texte de la Chambre, a lancé Mme Collins, encourageant ses collègues à l'approuver.