Barack Obama devait retourner lundi au Congrès, cette fois accompagné de son vice-président Joseph Biden, pour presser les républicains de voter son plan de relance de 800 milliards $ US, déjà adopté par la Chambre des représentants et qui arrive cette semaine au Sénat.

Le président américain s'était déclaré confiant dimanche, répétant ce que les membres de son administration ont déclaré ces derniers jours. A savoir que le texte final serait proche de l'objectif fixé - sauver ou créer trois à quatre millions d'emplois - et serait acceptable pour les républicains.

M. Obama a besoin du soutien de ces derniers au Sénat, où les démocrates n'ont pas cette «supermajorité» de 60 sièges qui leur permettrait d'empêcher l'opposition de reporter aux calendes grecques un vote sur le texte.

Le plan de relance a été adopté la semaine dernière par la Chambre des représentants, mais sans aucune voix républicaine. M. Obama n'avait pourtant pas ménagé ses efforts avant ce vote, allant au Capitol pour rencontrer des élus des deux partis et recevant des parlementaires à la Maison-Blanche. Les républicains de la Chambre ont malgré tout rejeté le plan, à leurs yeux trop axé sur la dépense publique et pas assez sur les réductions d'impôts.

Les sénateurs des deux partis ont toutefois exprimé leur disposition à négocier, notamment sur une proposition républicaine visant à aider un secteur immobilier sinistré: l'influent sénateur démocrate de New York Charles Schumer s'est déclaré dimanche ouvert à cette mesure, qui offrirait un crédit d'impôt de 15 000 $ US à chaque acquéreur de logement et réduirait les taux d'intérêt des prêts immobiliers. «Je pense que nous allons avoir un accord sur le volet logement», a déclaré M. Schumer à la chaîne CBS.

Le président américain continue à prédire un avenir sombre sur le court terme pour l'économie. «Il va falloir un certain nombre de mois avant que l'économie ne cesse de chuter», a-t-il averti dans un entretien à la chaîne NBC donné à l'occasion du Super Bowl. M. Obama a reçu un groupe de 15 parlementaires «bipartisan» dimanche à la Maison-Blanche pour suivre à la télévision la grande finale du championnat de football américain, signe de sa volonté d'instaurer un nouveau climat, plus apaisé, avec l'opposition.

Barack Obama cherche à faire adopter rapidement son plan de relance alors que l'économie américaine connaît sa pire crise depuis les années 1930. Un ambitieux paquet de mesures, qui pourrait vite propulser le déficit budgétaire des Etats-Unis au-delà des 2000 milliards $ US.

Le président américain pense que son plan recueillera un «large soutien», a-t-il confié dimanche. «Nous allons supprimer des éléments qui ne sont pas pertinents», a-t-il précisé.

Reste que les républicains des deux chambres du Congrès ont critiqué son plan. Leur chef de file au Sénat, Mitch McConnell, un élu du Kentucky, et son collègue Kay Bailey Huthinson (Texas) ont précisé dimanche vouloir un plan de relance «opportun, temporaire et ciblé».

Parallèlement, l'administration Obama réfléchit à changer les modalités d'utilisation de la seconde tranche du plan Paulson de 700 milliards $ US mis en place par l'administration Bush pour éviter l'effondrement du secteur financier américain.

Il était jusqu'ici question de créer une nouvelle institution publique dont le rôle exclusif serait le rachat des actifs toxiques des institutions financières. Mais selon certains responsables, cette piste aurait été abandonnée en raison de son coût potentiel, qui pourrait atteindre 2000 milliards $ US d'après certaines estimations.

D'autres options envisagées pourraient toutefois dépasser l'enveloppe du plan Paulson, et les conseillers de M. Obama n'excluent pas de solliciter une rallonge financière.

Barack Obama a annoncé lundi la création d'un comité indépendant pour évaluer le plan Paulson et a estimé que certaines banques américaines en difficulté pouvaient encore faire faillite.

«Il est probable que les banques n'ont pas pleinement reconnu l'ensemble des pertes qu'elles vont connaître. Elles vont devoir comptabiliser ces pertes, et certaines n'y résisteront pas», a déclaré M. Obama dans un entretien à la chaîne NBC enregistré dimanche. Mais il a assuré les Américains que leurs comptes bancaires n'étaient pas menacés. «Tous les dépôts seront garantis pour les personnes ordinaires», a-t-il affirmé.