Les dépenses de consommation des ménages américains ont reculé pour le sixième mois consécutif en décembre, et rien ne laisse présager d'une fin de la baisse de cet indicateur clef, qui a lourdement contribué au recul du PIB des États-Unis au cours des deux derniers trimestres.

Ces dépenses ont reculé de 1,0% par rapport au mois précédent, après un repli de 0,8% en novembre et de 1,1% en octobre, selon les données corrigées des variations saisonnières publiées lundi par le département du Commerce.

Les cinq mois de baisse consécutive de cet indicateur publiés le mois précédent constituaient déjà une première dans les annales de cette statistique publiée depuis 1959 par le département du Commerce.

La nouvelle baisse de décembre est supérieure aux prévisions des analystes. Hors effets des variations de prix, les dépenses de consommation ont reculé de 0,5%. Cela signifie que la baisse résulte pour une bonne part du recul des prix lié à la désinflation observée depuis plusieurs mois, et aux forts rabais consentis par les commerçants.

Et pourtant, «même les fortes remises des commerçants ne sont pas parvenues à attirer les consommateurs dans les boutiques pour dépenser», estime Charmaine Buskas, analyste à la TD Bank.

Pour l'ensemble de l'année 2008, les dépenses des ménages ont augmenté de 3,6%, soit leur progression la plus faible depuis 1961.

Les chiffres du produit intérieur brut publiés vendredi ont montré que ces dépenses avaient baissé de 3,5% en rythme annuel au dernier trimestre, après avoir reculé de 3,8% au troisième, leur plus forte baisse depuis 1980.

En temps normal, les dépenses des ménages assurent plus des deux tiers de la croissance des Etats-Unis. Leur chute a lourdement pesé sur le PIB du pays, qui a reculé de 3,8% au quatrième trimestre, après avoir cédé 0,5% pendant les trois mois d'été.

Selon les chiffres publiés lundi par le ministère, les revenus des ménages ont reculé en décembre pour le troisième mois consécutif, perdant 0,2%.

Les revenus des ménages ont progressé de 3,7% en 2008, enregistrant leur plus petite hausse depuis 2003, indique le ministère.

En réduisant leur consommation, les foyers ont fait preuve de prudence face à la crise, et ont mis de l'argent à l'abri en prévision de jours plus sombres.

Leur taux d'épargne est passé à 1,7% de leur revenu disponible en 2008, soit son plus haut niveau depuis 2004. En hausse depuis plusieurs mois, ce taux atteignait 3,6% fin décembre.

«Le marché du travail ne fait pas progresser les revenus, et les ménages répugnent en conséquence à dépenser. Ils augmentent même leurs économies, ce qui n'avait quasiment plus été vu» depuis quelques années, note Mme Buskas.

Marie-Pierre Ripert, économiste de Natixis, estime pour sa part que «les consommateurs vont continuer d'augmenter leur épargne afin de réduire leurs dettes, ce qui implique une consommation très faible».

«Le quatrième trimestre a fini comme il avait commencé: les consommateurs continuent de mettre de côté les avantages qu'ils tirent de la baisse des prix de l'essence», relève Scott Hoyt, analyste de Moody's Economy.com.

Inquiets de la forte dégradation du marché de l'emploi, de la baisse de leurs revenus et des difficultés à obtenir des crédits, ils vont continuer à «augmenter leur épargne au moins jusqu'à ce que la conjoncture s'améliore», ajoute-t-il, rappelant que cette amélioration ne devrait arriver que vers «la fin de l'année».e le ministère.