La Réserve fédérale des États-Unis (Fed) a annoncé mercredi le maintien de son taux directeur dans une fourchette allant de 0 à 0,25%, tout en signifiant sa volonté de continuer à stimuler l'économie en intervenant massivement sur les marchés de capitaux.

La Réserve fédérale des États-Unis (Fed) a annoncé mercredi le maintien de son taux directeur dans une fourchette allant de 0 à 0,25%, tout en signifiant sa volonté de continuer à stimuler l'économie en intervenant massivement sur les marchés de capitaux.

«Les conditions économiques devraient justifier les niveaux exceptionnellement bas» du taux directeur «pour quelque temps», indique le communiqué publié par le Comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale à l'issue de deux jours de réunion à Washington.

Le Comité reprend ainsi les termes qu'il avait employés en décembre, lorsqu'il avait institué cette marge de fluctuation qui confine le taux directeur à ses plus bas niveaux historiques.

Revenant sur la conjoncture américaine, la banque centrale note que «l'économie a continué à s'affaiblir» depuis décembre et que «la demande mondiale semble ralentir de manière significative».

Misant, sans trop de certitude, sur une «reprise graduelle de l'activité économique (...) plus tard au cours de l'année», le Comité indique, sans grande surprise, que la Fed va continuer à racheter des titres, notamment des titres adossés à des créances hypothécaires, en quantité importante sur les marchés pour fluidifier leur fonctionnement.

Depuis le mois de décembre, la Fed a racheté pour près de 78 milliards de dollars de titres émis par les organismes de refinancement hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac. La banque centrale indique qu'elle pourrait dépasser les 600 milliards prévus si les conditions le justifient.

Contribuant à faire baisser le coût auquel se refinancent ces organismes, ces actions ont fait fortement refluer les taux pratiqués pour les crédits immobiliers.

Jugeant que «les conditions régnant sur certains marchés financiers se sont améliorées», le FOMC relève toutefois que «les conditions du crédit pour les ménages et les entreprises restent extrêmement serrées».

Il renouvelle donc son engagement à mettre en oeuvre son dispositif de soutien au crédit à la consommation annoncé en novembre. Ce programme de 200 milliards de dollars doit normalement être lancé en février.

La Fed dit par ailleurs envisager aussi d'acheter des bons du Trésor à long terme lorsque les conditions pour de tels achats seront réunies.

Le communiqué s'inquiète en termes à peine voilés de menaces de déflation, jugeant que «les pressions inflationnistes resteront ténues dans les trimestres à venir» et voyant «une possibilité que l'inflation puisse se maintenir pour un temps en dessous du niveau qui favorise au mieux la croissance économique et la stabilité des prix sur le long terme».

La décision du FOMC arrive deux jours avant la publication de la première estimation officielle du PIB américain pour le dernier trimestre 2008. Les analystes estiment que celui-ci a reculé de 5,4% en rythme annuel pendant ces trois mois d'automne, ce qui serait la plus forte baisse d'activité aux États-Unis depuis le premier trimestre 1982.

Les décisions de la Fed ont été adoptées à l'unanimité des membres du Comité mois une voix, celle de Jeffrey Lacker, président de la Fed de Richmond.

Selon le communiqué final, ce dernier aurait préféré que la banque centrale rachète des bons du Trésor à long terme et abandonne les mesures de soutien ciblées au crédit.

Des achats par la Fed de bons du Trésor à long terme auraient pour conséquence de faire baisser les taux longs, qui n'ont pas baissé autant que les taux à court terme. Un recul de ces taux faciliterait l'effort d'investissement des entreprises et obligerait les opérateurs des marchés financiers à investir dans des segments plus rémunérateurs, mais plus risqués.

Il permettrait aussi de faciliter la tâche de l'Etat fédéral américain dont les besoins de financement énormes (eu égard au plan de relance de 825 milliards de dollars en discussion au Congrès) risquent de faire remonter les taux à long terme

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Voici une traduction du communiqué de la Réserve fédérale américaine (Fed), diffusé mercredi à l'issue d'une réunion de deux jours de son Comité de politique monétaire:

«Le Comité de politique monétaire (FOMC) a décidé aujourd'hui de maintenir son objectif de fluctuation pour le taux de l'argent au-jour-le-jour entre 0 et 0,25%. Le comité continue d'anticiper que les conditions économiques devraient justifier les niveaux exceptionnellement bas du taux-au-jour-le-jour pour quelque temps».

«Les informations reçues depuis que le Comité s'est réuni en décembre suggèrent que l'économie a continué à s'affaiblir. La production industrielle, les mises en chantier de logements et l'emploi ont continué à décliner fortement, alors que les consommateurs et les entreprises ont réduit leurs dépenses. De surcroît, la demande mondiale semble ralentir de manière significative. Les conditions régnant sur certains marchés financiers se sont améliorées, reflétant en partie les efforts du gouvernement pour fournir de la liquidité et renforcer les institutions financières; toutefois les conditions du crédit pour les ménages et les entreprises restent extrêmement serrées. Le Comité prévoit qu'une reprise graduelle de l'activité économique commencera plus tard au cours de l'année, mais les risques pesant sur ce scénario sont significatifs».

«Au vu du déclin des prix de l'énergie et des autres matières premières au cours des récents mois et de la perspective d'une mollesse considérable de l'économie, le Comité s'attend à ce que les pressions inflationnistes resteront ténues dans les trimestres à venir. De surcroît, le Comité voit une possibilité que l'inflation puisse se maintenir pour un temps en dessous du niveau qui favorise au mieux la croissance économique et la stabilité des prix sur le long terme».

«La Réserve fédérale va employer tous les outils à sa disposition pour promouvoir le retour à une croissance économique durable et pour préserver la stabilité des prix. La priorité de la politique du Comité est de soutenir le fonctionnement des marchés financiers et de stimuler l'économie par des opérations sur le marché et par d'autres mesures qui devraient maintenir la taille du bilan de la Réserve fédérale à un niveau élevé. La Réserve fédérale continue à acheter d'importantes quantité de dettes d'agences fédérales et de titres adossés à des créances hypothécaires pour apporter un soutien aux marchés du crédit hypothécaire et du logement. Elle reste prête à augmenter ces achats et la durée de son programme d'achat si la situation le rendait nécessaire. Le Comité est aussi prêt à acquérir des titres du Trésor à long terme si une évolution de la situation faisait en sorte que de telles transactions puissent être particulièrement effectives pour améliorer les conditions sur le marché privé du crédit. La Réserve fédérale va mettre en oeuvre un mécanisme, le TABSLF, pour faciliter la fourniture de crédits aux ménages et aux petites entreprises. Le Comité va continuer à suivre avec attention l'évolution de la taille et la composition du bilan de la Réserve fédérale au vu des développements sur les marchés financiers et à évaluer si une expansion ou une modification de ses facilités de prêts pourraient aider à soutenir davantage les marchés du crédit et l'activité économique, tout en contribuant à préserver la stabilité des prix».

«Ont voté pour la décision de politique monétaire du FOMC: Ben Bernanke, président, William Dudley, vice-président, Elizabeth Duke, Charles Evans, Donald Kohn, Dennis Lockhart, Kevin Warsh et Janet Yellen. A voté contre Jeffrey Lacker qui préférait augmenter pour l'instant la base monétaire en achetant des titres du Trésor plutôt que par des programmes de prêts ciblés».