La hausse des prix du pétrole, qui a incité les petites et moyennes sociétés pétrolières de l'Ouest canadien à dépenser davantage au cours des six premiers mois de 2018, devrait entraîner une croissance encore plus importante des budgets de forage cet automne.

Des producteurs ont estimé que la croissance du cours du brut, qui a franchi la semaine dernière le cap des 70 $ US le baril - un niveau observé pour la dernière fois au début juillet -, encouragerait certains à ouvrir leur portefeuille.

«Plusieurs d'entre nous ont dépensé une bonne partie de leurs investissements pour l'année au premier trimestre et avant les vacances de la semaine de relâche printanière au deuxième trimestre, au cours de cette période de quatre mois», a souligné George Fink, chef de la direction de Bonterra Energy, lors d'un entretien.

«Avec le second semestre maintenant, nous nous retrouvons dans une situation où, si nous pouvons rester entre 68 $ US et 70 $ US, je pense que certaines sociétés augmenteront potentiellement leur capital au quatrième trimestre et dépenseront un peu plus, car les flux de trésorerie seront meilleurs que la plupart d'entre nous l'avaient anticipé.»

Bonterra a dépensé 55 millions $ au premier semestre de 2018, soit près de 75 pour cent de son budget d'exploration et de développement de 75 millions $ pour l'exercice, en partie parce qu'elle a réussi à sécuriser de bon prix pour ses services, a indiqué M. Fink. La société envisage de dépenser plus au deuxième trimestre, mais ne s'est pas encore engagée à le faire.

Selon un rapport publié cette semaine par des analystes de Marchés mondiaux CIBC, les petites et moyennes sociétés pétrolières et gazières ont déclaré avoir dépensé en moyenne environ 50 pour cent de leurs budgets d'exploration et de développement prévus pour 2018 au cours des six premiers mois de l'année.

Cela représente une hausse par rapport à environ 47 pour cent au premier semestre de 2017 et seulement 38 pour cent au début de 2016. La confiance avait alors faibli parce que le cours de référence du pétrole brut avait chuté en dessous de 30 $ US, à ses plus bas niveaux depuis la crise des prix qui a débuté à la fin 2014, a ajouté la banque.

Les activités de forage ont été vigoureuses au cours du trimestre clos le 30 juin, grâce aux températures clémentes qui ont raccourci les vacances du printemps et au ralentissement annuel lié au dégel dans l'ouest du Canada, qui empêche les entreprises de déplacer leurs équipements lourds sur les routes provinciales.

L'incidence du huard

Plusieurs producteurs ont signalé des augmentations de leurs budgets d'investissement de 2018 pour s'ajuster aux augmentations attendues des flux de trésorerie au second semestre, mais le marché a eu tendance à les punir en réduisant leur évaluation, a indiqué la CIBC.

«De façon réaliste, nous prévoyons que davantage de producteurs iront de l'avant avec des hausses budgétaires supplémentaires d'ici la fin de l'année - même si les rachats d'actions et la réduction de la dette restent les utilisations privilégiées des flux de trésorerie disponibles pour la plupart des investisseurs», ajoute le rapport.

Le producteur Whitecap Resources a augmenté son dividende au début de l'année et a racheté environ 20 millions $ de ses actions, a noté son chef de la direction, Grant Fagerheim, lors d'une interview, ajoutant qu'il prévoyait de dépenser davantage l'année prochaine.

«Cette année, nous dépensons environ 450 millions $ en capital de développement. Nous hausserons cela de 25 pour cent, voire 30 pour cent, en 2019», a-t-il indiqué. «Nos flux de trésorerie vont augmenter de façon marquée.»

La société profite de la hausse des prix du pétrole et de l'incidence du faible dollar canadien, car ses produits sont vendus en dollars américains alors que ses dépenses sont payées en dollars canadiens, a souligné M. Fagerheim.

Les dépenses supplémentaires de développement cette année proviendront principalement des sociétés qui produisent du pétrole ou des liquides de gaz naturel, a indiqué la CIBC. Les producteurs de gaz naturel sec, quant à eux, resteront en mode survie, espérant des décisions d'investissement positives pour les terminaux d'exportation de gaz naturel liquéfié, afin de créer une demande qui pourrait stimuler les faibles prix du gaz.

L'association des services pétroliers du Canada a récemment évoqué la faiblesse des prix du gaz naturel en abaissant ses prévisions de forage pour 2018 à 6900 puits de pétrole et de gaz au Canada, soit 200 de moins qu'en 2017.

Le prix de référence du brut s'est établi en moyenne à 67,91 $ US le baril au deuxième trimestre clos le 30 juin, contre 48,33 $ US le baril au même trimestre de 2017, mais les prix du gaz naturel en Alberta sont tombés à 1,20 $ CAN par million d'unités thermiques britanniques, comparativement à 2,69 $ CAN un an plus tôt.