Un peu moins de la moitié des nombreuses demandes reçues par Hydro-Québec depuis l'an passé entourant des projets de chaînes de blocs ainsi que de cryptomonnaies semblent pour l'instant convenablement ficelées.

Littéralement prise de court, la société d'État dit qu'environ 300 requêtes lui ont été acheminées, ce qui représente une demande d'environ 18 000 mégawatts (MW), soit plus de 40 % de sa capacité de production.

«Pour la plupart, les grands de l'industrie ont soumis une demande, a expliqué mardi le directeur des services et ventes pour la clientèle d'affaires d'Hydro-Québec, Rémi Dubois, devant la Régie de l'énergie. On peut facilement dire que (les projets) pour entre 5000 MW et 6000 MW sont très sérieux.»

La société d'État ainsi que des entreprises, municipalités et diverses associations étaient de passage devant le tribunal réglementaire dans le cadre d'audiences qui se déroulaient dans ses bureaux de Montréal - bondés pour l'occasion.

Hydro-Québec demande au tribunal réglementaire d'imposer un tarif dissuasif et d'autres conditions de service aux joueurs du secteur des chaînes de blocs et des cryptomonnaies qui ont un appétit énergétique insatiable.

Ces modalités s'appliquent de façon provisoire jusqu'à jeudi. La Régie devra trancher dans le cadre du processus qui s'échelonnera au cours des prochaines semaines visant à encadrer cette nouvelle industrie.

«On parle de demandes totalisant 18 000 MW (pour ce secteur) dans un Québec qui consomme annuellement 38 000 MW actuellement», a dit le directeur de l'approvisionnement en électricité et tarification d'Hydro-Québec, Hani Zayat.

À 15 cents le kilowattheure (kWh), le tarif dissuasif provisoire est deux fois plus élevé que le prix payé par les clients résidentiels de la société d'État.

Un porte-parole d'Hydro-Québec, Marc-Antoine Pouliot, a précisé, en marge des audiences, que la déclaration de M. Dubois ne signifiait pas nécessairement que les autres demandes n'étaient pas considérées comme sérieuses.

Dans certains cas, a-t-il expliqué, un plan d'affaires pourrait ne pas avoir été déposé, alors que dans d'autres, la société d'État n'est tout simplement pas familière avec l'identité du promoteur d'un projet.

Moins que prévu ?

Par ailleurs, M. Dubois a indiqué qu'il n'y avait pas eu de mise à jour effectuée depuis la fin février - soit depuis qu'Hydro-Québec a cessé d'accepter les nouvelles demandes - sur les 18 000 MW sollicités par divers joueurs.

Ainsi, il n'est pas impossible que cette quantité soit désormais moins élevée, a concédé le directeur des services et ventes pour la clientèle d'affaires d'Hydro-Québec, faisant notamment référence au cours de certaines monnaies virtuelles qui a plongé depuis le début de l'année.

«Avec le Bitcoin à (dont la valeur oscille) entre 6000 $ et 7000 $, on peut s'attendre à ce que certains (promoteurs) aient décidé d'abandonner leur projet», a-t-il dit.

Néanmoins, même des volumes d'énergie qui varient entre 5000 MW à 10 000 MW sont «très importants», a pris soin de rappeler M. Dubois, en réponse à une question sur cette question.

Jusqu'ici, les entreprises qui se sont établies dans la province pourront utiliser jusqu'à 150 MW et Québec prévoit accorder un bloc additionnel de 500 MW pour les nouveaux joueurs. Entre 80 % et 85 % des requêtes reçues par la société d'État concernent le minage de cryptomonnaies et la majorité des projets convoitent une puissance qui se situe dans une fourchette de 5 MW à 50 MW.

Une surprise

Par ailleurs, M. Zayat a affirmé que ce n'est que vers la fin du mois de novembre que l'on a commencé à prendre conscience des besoins énergétiques de cette industrie chez Hydro-Québec.

«Il y avait probablement des installations qui se spécialisaient dans ces activités en 2017, mais il s'agissait de volumes très faibles, a-t-il dit. Ce n'était pas suffisant pour allumer des voyants rouges. Nous sommes rapidement passés au jaune et au rouge.»

À titre d'exemple, la demande émanant de cette nouvelle industrie n'a pas été prise en compte dans le Plan d'approvisionnement 2017-2026 qui a été déposé par la société d'État auprès de la Régie l'automne dernier.