Ce n'est pas de «gaieté de coeur» que Junex accepte de passer sous le contrôle d'une société albertaine, affirme son cofondateur et président et chef de la direction, Jean-Yves Lavoie, écorchant au passage la lenteur de l'appareil gouvernemental québécois.

Ce n'est pas de «gaieté de coeur» que Junex accepte de passer sous le contrôle d'une société albertaine, affirme son cofondateur et président et chef de la direction, Jean-Yves Lavoie, écorchant au passage la lenteur de l'appareil gouvernemental québécois.

«En ne faisant rien, nous aurions été obligés de rendre les armes», a-t-il expliqué, dans le cadre d'une entrevue téléphonique, mardi, au lendemain de l'annonce de la transaction avec Cuda Energy.

L'accord a été présenté comme un regroupement, mais dans les faits, la nouvelle entité sera dirigée par l'équipe de direction actuelle de Cuda, puisque Glenn Dawson demeurera président et chef de la direction.

Cette entreprise de Calgary, qui effectue de l'exploration et l'exploitation de pétrole et de gaz naturel, n'est pas étrangère au Québec puisqu'elle détient déjà des permis d'exploration dans la vallée du Saint-Laurent.

Néanmoins, c'est une autre société québécoise du secteur qui est avalée par un joueur albertain après Pétrolia, devenue l'an dernier Pieridae Energy.

«Cuda a consacré beaucoup de temps à l'examen et à l'analyse de l'actif de Junex et (...) nous sommes convaincus de la viabilité économique de l'actif de Junex dans les basses-terres (du Saint-Laurent)», a souligné M. Dawson, par voie de communiqué.

Junex - dont le principal actionnaire est l'État québécois - deviendra une division québécoise. L'entreprise comptera deux représentants, dont M. Lavoie, sur les sept administrateurs du conseil de l'entreprise albertaine.

Spécialisée dans l'exploitation pétrolière, Junex détient des permis dans le sud de l'île d'Anticosti et tente toujours d'obtenir un bail d'exploitation pour son projet de Galt, en Gaspésie.

«Les choses n'évoluent pas rapidement au Québec, et c'est pour cette raison que le conseil d'administration m'a donné le mandat d'évaluer les différentes options pour s'assurer que l'entreprise poursuive ses activités», a expliqué M. Lavoie.

Fondée en 1999, Junex s'est tournée vers les marchés en 2001. Son cofondateur est revenu aux commandes en mars 2017, à la suite du départ du dirigeant de l'époque, Peter Dorrins.

Besoin d'argent

Au premier trimestre terminé le 31 mars, Junex chiffrait à environ 17 millions de dollars son fonds de roulement. Sa perte nette avait été de 692 000 $, en baisse par rapport à celle de 853 000 $ de la même période l'an dernier.

Décochant une flèche au cadre réglementaire québécois actuel, le patron de la société pétrolière a estimé qu'un regroupement avec un partenaire constituait la meilleure solution pour s'assurer que les ressources financières soient au rendez-vous.

«Au Québec, le contexte fait en sorte que nous ne sommes pas en mesure d'aller lever des capitaux sur les marchés financiers, a-t-il déploré. La plus grande partie du financement s'est effectué avec Investissement Québec (IQ). Lorsque nous avons frappé à d'autres portes, ce n'était pas évident de trouver des gens qui s'intéressaient à la situation québécoise.»

La société avait également reçu un dédommagement de 5,5 millions du gouvernement québécois dans le cadre de la fin de l'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti.

D'après la circulaire de sollicitation récemment envoyée aux actionnaires de Junex, Ressources Québec, une filiale du bras financier de l'État québécois, était son plus important actionnaire, avec 14,81% des actions en circulation.

Pour sa part, en 2017, Cuda a généré des revenus nets de 3,72 millions ainsi qu'une perte nette de près de 6 millions.

Les modalités du regroupement prévoient que les actions de la nouvelle entité seront échangées aux actionnaires de Junex et de Cuda dans une proportion respective 55 et 45%. À la suite d'une transaction subséquente liée à un actif au Wyoming, la participation des porteurs de titres de l'entreprise québécoise fléchira à 46,1%.

La clôture de la transaction est prévue au cours de l'été, une fois que les actionnaires des deux sociétés auront voté sur l'entente dans le cadre d'assemblées distinctes qui auront lieu pendant la deuxième moitié de juillet.

Selon M. Lavoie, des actionnaires qui détiennent ensemble près de 40% des titres de Junex en circulation ont déjà manifesté leur appui au regroupement avec la société albertaine.

À la Bourse de croissance TSXV, le titre de l'entreprise québécoise se négociait à 41 cents en fin d'avant-midi, en recul de 1 cent par rapport à son cours de clôture la veille.