Les cours du pétrole ont bondi mercredi à leur plus haut niveau depuis novembre 2014, galvanisés par le retrait américain de l'accord sur le nucléaire iranien ainsi que par une nette baisse des réserves de produits pétroliers aux États-Unis.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a terminé à 77,21 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 2,36 dollars par rapport à la clôture de mardi.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour le contrat de juin a pris 2,08 dollars pour finir à 71,14 dollars.

Les prix du brut n'avaient pas beaucoup réagi mardi juste après l'annonce par Donald Trump du retrait de son pays de l'accord signé à Vienne en juillet 2015, par lequel l'Iran a accepté de brider son programme nucléaire en échange de la levée d'une partie des sanctions internationales visant la République islamique.

Washington a choisi l'option la plus radicale en rétablissant l'intégralité des sanctions levées, mais aussi en annonçant des sanctions encore plus sévères et en forçant les entreprises étrangères à choisir rapidement entre faire des affaires en Iran ou aux États-Unis.

«Même si cette décision était plus ou moins attendue, le ton particulièrement sévère de Donald Trump a peut-être ébranlé un peu les investisseurs», a souligné Andrew Lebow de Commodity Research Group.

Cependant, certains des autres signataires n'ont pas abandonné l'idée de sauver l'accord, le président français Emmanuel Macron estimant notamment que la décision du locataire de la Maison-Blanche était une «erreur».

Ce soutien des autres pays «pourrait toutefois ne pas être suffisant pour compenser le ton particulièrement agressif des États-Unis et la probable grande efficacité des sanctions unilatérales américaines», ont souligné les analystes de Goldman Sachs en mettant en avant les récentes sanctions américaines à l'encontre de l'entreprise russe Rusal, qui ont rapidement forcé son actionnaire principal, l'oligarque Oleg Deripaska, à se mettre en retrait.

L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, a aussi déclaré qu'elle prendrait toutes les mesures nécessaires pour empêcher des pénuries d'approvisionnement en pétrole.

Riyad, qui pompe actuellement environ 10 millions de barils par jour, a la capacité de pomper quotidiennement environ 12 millions de barils.

Mais, même en puisant aussi éventuellement dans les réserves stratégiques des États-Unis, «cela finira toujours par réduire les niveaux déjà limités des stocks de brut dans un marché déjà tendu», ont relevé les analystes de Goldman Sachs.

Le rapport hebdomadaire sur les stocks de produits pétroliers aux États-Unis penchait en ce sens: les réserves de brut, d'essence et d'autres produits distillés ont baissé bien plus fortement que prévu dans le pays lors de la semaine achevée le 4 mai.

Les acteurs du marché gardent aussi à l'esprit les conséquences sur les réserves d'or noir de la crise persistante au Venezuela, de l'accord OPEP/Russie sur la limitation de la production et de la demande solide alimentée par la croissance mondiale.