Le Tribunal administratif du travail donne partiellement raison au syndicat des Métallos, qui avait porté plainte contre le recours à des briseurs de grève dans le cadre du lock-out à l'Aluminerie de Bécancour.

Lorsque la direction de l'ABI avait décrété le lock-out, le 11 janvier dernier, elle avait annoncé qu'elle continuerait d'exploiter l'usine, avec des cadres, mais avec seulement une série de cuves sur trois.

La plainte du syndicat faisait suite à une visite de l'usine, effectuée le 24 avril dernier, en compagnie d'enquêteurs du ministère du Travail. Ceux-ci n'ont pas encore rendu leur rapport, mais le syndicat avait tout de même déposé sa plainte devant le tribunal, en se fondant sur ce que ses propres représentants, qui accompagnaient les enquêteurs du ministère, avaient été à même de constater lors de la visite de l'aluminerie.

Dans une décision qui a été rendue vendredi, le tribunal ordonne donc à ABI de cesser d'utiliser les services de Stéphane Duguay pour remplir les fonctions d'un travailleur qui a été mis en lock-out.

Le syndicat des Métallos, affilié à la FTQ, avait cependant porté plainte en évoquant quatre cas.

Dans le deuxième cas, le juge administratif Christian Drolet a estimé que la preuve « n'est pas suffisamment convaincante ».

Et dans les deux autres cas, il a conclu qu'il s'agissait de cadres embauchés après le début de la phase de négociation, mais qui ne remplissaient pas les fonctions des travailleurs en lock-out.

Du même souffle, le tribunal ordonne à la direction d'ABI de remettre à la section locale 9700 du syndicat des Métallos, d'ici cinq jours, la liste complète de toutes les personnes qui ont été embauchées après le 25 août 2017, avec leur titre d'emploi, ainsi que la liste de tous les cadres qui étaient en poste avant cette date.

Le 25 août est une date importante, parce qu'il s'agit de la date à laquelle le syndicat a transmis son avis de négociation à l'employeur. La date est déterminante pour savoir si un cadre a le droit de remplir les fonctions d'un salarié mis en lock-out, donc s'il était employé avant.

Il s'agit d'une décision interlocutoire du tribunal. La requête pour obtenir une injonction permanente sera entendue sur le fond à compter du 14 mai.

Les Métallos iront manifester à Pittsburgh

Alors que les discussions doivent reprendre sous peu chez ABI, en présence du médiateur spécial Lucien Bouchard, les lockoutés se préparent à manifester à Pittsburgh, lors de l'assemblée des actionnaires d'Alcoa, mercredi prochain.

La direction de l'Aluminerie de Bécancour (ABI) s'est quant à elle dite prête, vendredi, à « entamer de nouvelles négociations » en présence du médiateur, avec le syndicat des Métallos, affilié à la FTQ.

« On est très heureux de savoir que l'employeur va revenir à la table ; ça fait déjà 16 semaines que le conflit a débuté. C'est une bonne nouvelle pour nous », a commenté le président de la section locale 9700 du syndicat des Métallos, Clément Masse, au cours d'une entrevue.

La direction avait alors fait savoir qu'elle continuerait d'exploiter l'usine avec des cadres, mais à raison d'une série de cuves sur trois. Elle continue donc de bénéficier d'un tarif d'électricité avantageux.

Un premier médiateur avait été affecté au dossier, Me Jean Nolin. Mais les négociations restaient au point mort, même après une rencontre avec le cabinet de la ministre du Travail, Dominique Vien.

Le 23 avril dernier, la ministre a nommé un médiateur spécial en la personne de l'ancien premier ministre Lucien Bouchard, revenu à la pratique du droit. Depuis, les parties attendent d'être convoquées pour renouer le dialogue.

Entre-temps, les lockoutés ont annoncé qu'ils se rendront à Pittsburgh, mercredi prochain, pour manifester lors de l'assemblée des actionnaires d'Alcoa. ABI est détenue à 75 % par Alcoa et à 25 % par Rio Tinto. Une centaine de manifestants doivent prendre la route dès lundi soir pour s'y rendre.

De plus, cinq représentants syndicaux des Métallos, qui détiennent des actions d'Alcoa ou une procuration pour représenter d'autres actionnaires, doivent assister à l'assemblée. Ils comptent alors « se faire entendre des actionnaires ».

« On veut atteindre les actionnaires. Nous, on continue à dire que c'était une mauvaise décision [d'avoir décrété un lock-out] et on veut maintenant aviser les actionnaires. On a un message à livrer », a expliqué M. Masse.