Si elle débouche sur une amélioration du tri des matières récupérées, la crise actuelle du recyclage profitera à Cascades, qui verra baisser ses coûts d'approvisionnement en matière première.

« On n'aura plus besoin d'importer des États-Unis et de l'Ontario, a expliqué hier son président, Mario Plourde. Plus on est près de la matière et plus les coûts baissent pour nous. C'est une opportunité qu'on a à saisir. »

Il faudra toutefois des investissements considérables dans les centres de tri du Québec et dans la sensibilisation de la population pour améliorer la qualité de la récupération, a-t-il prévenu hier, après s'être adressé aux membres du Cercle canadien.

Cascades est prête à apporter sa contribution pour trouver une solution durable à la crise provoquée par la décision de la Chine d'arrêter d'importer les papiers et les plastiques récupérés en vrac dans les centres de tri du Québec.

Cascades en fait déjà beaucoup, assure son président. « On a ajouté des équipements de nettoyage parce que la matière arrivait très contaminée. On pourrait en faire plus, mais je pense que c'est mieux de travailler à la source, à partir des citoyens et des centres de tri. »

C'est la deuxième crise qu'on vit en neuf ans avec les centres de tri pour les mêmes raisons, a rappelé Mario Plourde. « Il y a trop de centres de tri qui n'avaient qu'un seul client, la Chine. Dans n'importe quelle business, quand on a un seul client, on se met à risque. »

Trouver une solution durable pour ne plus compter sur la Chine, l'Inde ou le Viêtnam prendra du temps, estime Mario Plourde, parce qu'il faudra faire de l'éducation auprès des citoyens habitués de jeter tout pêle-mêle dans le bac à recyclage.

« Je vous mets au défi de venir voir ce qui arrive dans nos centres de tri. Vous allez être surpris », a-t-il dit, en précisant y avoir vu des lampes électriques, des bottes de caoutchouc et même des seringues usagées.

Selon le président de Cascades, le Québec est dans le bas de la fourchette pour les coûts de récupération au Canada. L'amélioration de la qualité de la récupération coûtera plus cher, mais tout le monde y gagnera, estime-t-il.

« De la matière première générée au Québec, triée au Québec et réutilisée au Québec, on ne peut pas avoir mieux en matière d'économie circulaire. »

Depuis la décision de la Chine de ne plus acheter de déchets à l'étranger, les papiers et plastiques récupérés s'accumulent au Québec et finiront probablement dans les lieux d'enfouissement, ce qui représente un gaspillage important.

Il y a 27 centres de tri au Québec. Certains ont fait le choix de vendre à la Chine, d'autres sont des organismes à but non lucratif qui font de la réinsertion sociale.

Il est impossible de demander la même performance à tous, mais il faudrait au moins améliorer le tri dans les plus gros, comme celui de Montréal, estime Mario Plourde.

CAP SUR L'INNOVATION

Cascades s'est donné l'objectif de générer 4 % de ses revenus annuels (4,3 milliards l'an dernier) grâce à de nouveaux produits qu'elle mettra sur le marché. Pour y arriver, l'entreprise s'est dotée d'un outil, le Centre d'innovation Cascades, pour coordonner les efforts de ses différentes divisions. Trente-sept personnes y travaillent de façon exclusive.

Ces nouveaux produits sont encore un secret bien gardé, mais le président Mario Plourde a donné l'exemple de Northbox, la boîte de transport d'aliments périssables conçue par l'entreprise, que les nouveaux services comme Goodfood et Miss Fresh s'arrachent. « Il y aura sûrement des produits issus de Northbox qui s'adresseront à d'autres marchés », a-t-il indiqué.