Les cours du pétrole coté à New York et à Londres ont reculé jeudi, lestés par le regain de vigueur du dollar ainsi que par les craintes liées aux barrières douanières défendues par Donald Trump.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat d'avril a cédé 1,03 dollar pour clôturer à 60,12 dollars.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a terminé à 63,61 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 73 cents par rapport à la clôture de mercredi.

«Le repli des cours est en grande partie lié à la progression du dollar», a estimé Bart Melek de TD Securities.

Une hausse du billet vert, monnaie de référence des prix du baril, tend à rendre moins attractifs les achats de brut pour les investisseurs utilisant d'autres devises.

Les marchés restent par ailleurs «fébriles face aux éventuelles conséquences d'une guerre commerciale entre les États-Unis et les autres pays, qui pourrait freiner le commerce mondial et in fine affaiblir la demande en énergie», a noté M. Melek.

Le président américain a créé la surprise la semaine dernière en annonçant vouloir imposer des taxes à l'importation sur l'acier et l'aluminium, suscitant un tollé parmi les partenaires commerciaux des États-Unis. Donald Trump a ensuite adouci le ton en évoquant d'éventuelles exemptions et les marchés attendaient jeudi plus de détails sur les mesures envisagées.

Le texte, qui a été signé après la fixation des prix de clôture sur le marché du pétrole, établit comme prévu des taxes à hauteur de 25 % sur les importations d'acier et de 10 % sur celles d'aluminium et ouvre bien la porte à plusieurs exemptions.

Les marchés continuaient également à réagir au rapport hebdomadaire de l'Agence américaine d'information sur l'Énergie diffusé mercredi, qui a montré entre autres une nouvelle augmentation des extractions de brut aux États-Unis.

«La production américaine a augmenté sur 21 des 26 dernières semaines et s'établit désormais à peine en dessous de la production russe», le premier producteur mondial, a commenté Tamas Varga, analyste chez PVM.

Cette explosion de l'offre de brut américaine ne fait toutefois pas des États-Unis le «producteur-pivot» qui contrôle le marché, rôle habituellement réservé à l'Arabie saoudite et, dans une moindre mesure, à la Russie, ont remarqué les analystes d'ABN Amro. «Les producteurs indépendants américains doivent réagir aux prix, c'est moins le cas de l'entreprise nationale saoudienne», ont-ils justifié.

Les dernières prévisions de la banque Goldman Sachs étaient également de nature à estomper les inquiétudes liées à l'explosion de la production américaine.

«Les perspectives de croissance robuste et le fait que la demande (de brut) tend ces dernières années à accélérer au deuxième trimestre nous poussent à réitérer notre prévision d'une hausse de la demande mondiale moyenne de 1,85 million de barils par jour en 2018», ont commenté les analystes de Goldman Sachs.

Dans le même temps, la croissance de la production de pétrole, notamment aux États-Unis, ne devrait pas absorber la totalité de cette demande et les réserves mondiales devraient donc à nouveau reculer en 2018, anticipent-ils.