Trois ans presque jour pour jour après l'arrêt complet de ses activités, la jeune mine de fer du lac Bloom reprend du service à Fermont. Le redémarrage, qui sera confirmé aujourd'hui par Québec, est synonyme de plus de 350 millions d'investissements et, surtout, de la création de 450 emplois dans cette région durement touchée par le ralentissement du fer.

Champion Iron Mines a réussi son pari de réunir les fonds nécessaires à la relance du site minier, payé 10,5 millions en avril 2016. Sa filiale Minerai de fer Québec, avec l'État québécois comme principal partenaire, a ficelé un montage financier de plus de 327 millions en moins d'un an. Deux ententes ont aussi été scellées pour l'achat de la totalité de la production future.

La nouvelle sera confirmée par le nouveau ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles et ministre responsable du Plan Nord, Pierre Moreau, cet après-midi à Fermont, a appris La Presse. Les médias ont été conviés à une conférence de presse pendant laquelle la direction de la société minière « fera le point sur le projet d'envergure ».

Dès décembre, le site minier voisin de la municipalité de la Côte-Nord grouillera de 450 travailleurs pour préparer la reprise de la production envisagée au premier trimestre de 2018. À la fin d'octobre, la société minière annonçait d'ailleurs avoir conclu une entente de principe avec le syndicat des Métallos, qui représente les travailleurs du lac Bloom.

Champion a profité de la restructuration légale du géant Cliffs Natural Resources, qui a placé ses actifs canadiens sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers en janvier 2015, pour mettre la main sur la mine du lac Bloom au rabais. En plus des 10,5 millions payés, la société s'est engagée à respecter des obligations environnementales estimées à 41,7 millions.

FINANCEMENT BOUCLÉ

Québec, par l'entremise du fonds Capital Mines Hydrocarbures et Ressources Québec, a injecté 20 millions dès le départ pour soutenir la relance et devenir propriétaire de la mine à hauteur de 36,8 %. L'État a accordé, en octobre, une contribution financière de 26,2 millions, bouclant ainsi sa participation au démarrage. Québec a versé jusqu'à présent 51,4 millions.

« Le projet présente un intérêt économique important pour le Québec », est-il écrit dans le décret administratif du 11 octobre, publié dans la Gazette officielle. Il faut comprendre qu'avec la reprise des activités de la mine du lac Bloom, qui a une durée de vie estimée à 21 ans, le gouvernement libéral place un important pion sur l'échiquier de son fameux Plan Nord.

La Caisse de dépôt et placement du Québec a aussi autorisé en juillet un prêt de 100 millions US conditionnel à l'atteinte des objectifs financiers du redémarrage.

PRODUCTION VENDUE

La mine du lac Bloom doit produire 7 millions de tonnes de minerai de fer par année. La japonaise Sojitz et le géant Glencore ont promis de se porter acquéreur de la totalité de la future production. Les tonnes de minerai seront transportées par train via le chemin de fer QNS & L, appartenant à Rio Tinto IOC, avant d'atteindre le secteur de Pointe-Noire, à Sept-Îles.

La production pourra être expédiée des installations de la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire, le nouveau terrain de jeu du gouvernement québécois, aussi acheté pendant la liquidation des actifs de Cliffs. Champion est d'ailleurs l'un des partenaires de la société en commandite créée par Québec pour l'utilisation des équipements.

Champion est également l'un des cinq acteurs miniers qui ont financé la moitié de la construction du mégaquai multiusagers du port de Sept-Îles, livré en 2015 au coût de 220 millions, mais qui n'a pas encore servi. Québec a investi 25 millions dans l'aménagement d'un convoyeur reliant ses actifs de Pointe-Noire à la nouvelle infrastructure qui pourra enfin être inaugurée en 2018.

Du minerai de grande qualité

Champion entend tirer son épingle du jeu malgré un marché du fer encore fragile grâce à la grande qualité du minerai de son site minier du lac Bloom. Le circuit de récupération a d'ailleurs été amélioré pour en arriver à produire un minerai à la teneur en fer de 66,2 %, ce qui lui permettra de toucher une prime sur la qualité au moment de la vente. Le prix sur les marchés est fixé selon une tonne de concentré à la teneur en fer de 62 %. Dans son étude de faisabilité, Champion soutient pouvoir être rentable avec des prix oscillant autour de 50 $US la tonne. Hier, la tonne de fer se négociait autour de 61 $US.

LA MINE EN QUELQUES DATES

AOÛT 2010

Début de l'exploitation par Consolidated Thompson, une entreprise québécoise

MAI 2011 

Vente à Cliffs Natural Resources pour 4,9 milliards

NOVEMBRE 2012 

Cliffs suspend l'expansion de la mine

DÉCEMBRE 2014 

Arrêt définitif des activités

AVRIL 2016 

Rachat par Champion Iron Mines

NOVEMBRE 2017 

Redémarrage des activités